En lisant scrupuleusement l’article paru in BAI sous le titre : « ROBBA et les 12 archéologues (1 ère partie) », il nous a paru utile d’apporter quelques éclaircissements quant à l’approche de la période donatiste dans l’histoire antique de l’Algérie que nous considérons dénuée de tout mystère ou secret . Aussi, il faut savoir que le donatisme est une « doctrine religieuse », née sur le territoire de Numidie, appelé aujourd’hui ‘Algérie’. Son précurseur est l’évêque Donat de Négrine(Tébessa), qui devint évêque de Baghaï (Khenchela). Les Chrétiens numides refusèrent de témoigner leur soumission aux principes par la célébration du culte impérial. Ils étaient attachés à leur église, celle venue d’orient.

L’acclamation donatiste « Déo Laudes »(louanges à dieu), opposée à la devise catholique « Déo gratias »(par la grâce de dieu), donnaient lieu à deux églises différentes dans la pratique de la foi. Même à la fin du sixième siècle les donatistes frappés auparavant par des édits par St Augustin après la conférence de Carthage de 411, ils étaient
encore assez nombreux et assez remuants pour inquiéter le pape Grégoire le Grand.

Sur cet aspect politique, je tiens âprement à préciser que le mouvement donatiste et son adepte Robba, la berbère de la plaine du M’cid et de Ghriss, était une action comme l’a bien précisée madame la ministre de la culture dans
sa lettre qu’elle m’a adressé le 04 mai 2009 avec son contenu nationaliste et révolutionnaire, prolétaire et paysan, opposé à un ordre impérial romain et une église catholique officielle représentée par St Augustin. Entre ce dernier nommé et l’évêque Donat, l’histoire et l’archéologie ont choisi le parti du premier : Il est l’ordre conventionnel établi. J’ajoute que le donatisme est une question d’importance politique que les historiens et archéologues de la colonisation ont sciemment occultée à cause justement de la portée symbolique et politique qu’elle véhiculait, et que les historiens et archéologues algériens hésitent encore à approcher au risque de déranger un ordre scientifique préétabli.

Il est utile de souligner que j’ai utilisé des mots « modernes » pour consolider la véritable action des donatistes vis à vis de la présence romaine et son église impériale catholique. Contrairement aux Circoncellions qui ont utilisé des armes rudimentaires pour faire face aux colons berbéros-romains du sud et la Maurétanie Césarienne, les donatistes ont utilisé leur lieu de culte comme moyen de lutte, et non des armes. Aussi, faut-il le signaler que l’église est un lieu de culte à la dimension de la foi pratiquée.

L’église a subi des changements d’ordre architecturale à travers les temps, des plus anciennes aux plus modernes, autant que les mosquées. La basilique donatiste était une église, seulement dans cette église, on priait autrement que les catholiques, donc elle avait une particularité, ou des particularités tant sur le mode de prière et peut être sur l’aspect architectural. C’est pour cela qu’elle avait le titre de basilique.

De même pour la cathédrale, qui est une église aussi, mais sa particularité, c’est qu’elle se situe géographiquement dans l’espace du diocèse à sa tête, un évêque. La basilique de Robba a été élevée ou aménagée en 435 dans la citadelle donatiste d’Ala Milaria, à sa mémoire et à la mémoire des saints donatistes.Les caveaux creusés sous la basilique sont une preuve édifiante du mouvement donatiste présent à AlaMilaria. La religieuse donatiste Juliola et son frère l’évêque Nemessamus ont été ensevelis tout près de Robba, sous la basilique, bien protégée par les habitants de Benian.

1-Un des caveaux sous la basilique de Robba, existant à ce jour. La citadelle donatiste d’Ala Miliaria est toujours visible à travers quelques éléments archéologiques :

 

 

2- Restes d’un poste de surveillance sur les hauteurs qui dominent la citadelle donatiste

3- Fosse à blé.

 

4- reste du mur de la citadelle.

5-Photo de l’épitaphe de Robba qui m’a été envoyée par le musée du Louvre(Paris).
En conclusion, j’insiste pour écrire que Djebel Robba, les citadelles donatistes d’aqua Sirense et d’AlaMiliaria, demeurent les points de repères évidents de l’activité donatiste dans notre région.

Dr Driss REFFAS