Sahara Occidental : Panique royale

A une semaine, (le 23 avril) de l’examen par le Conseil de sécurité de l’ONU de la reconduction de la mission onusienne de maintien de la paix au Sahara (Minurso), la peur panique s’empare du palais royal. Pour cause, les ONG internationales des droits de l’homme redoublent de lobbying pour faire adopter une résolution contraignante pour le Maroc.

Ainsi, Amnesty International et Human Rights Watch ont adressé lundi un message aux membres du Conseil de sécurité les exhortant a voter en faveur d’un élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme. Si le vote aura lieu le 23 de ce mois, les discussions autour du nouveau mandat de la Minurso commence jeudi 17 avril au Conseil de sécurité.

L’année dernière, une proposition américaine visant à confier à la Minurso le mandat de surveiller le respect des droits de l’homme dans les territoires occupés a failli être adoptée. Le projet n’a été retiré qu’à la dernière minute. Mais ce fut déjà un dernier avertissement pour le Maroc qui a été pris en flagrant délit de violation des droits de l’homme par les ONG.

De fait, le royaume qui n’a pas rompu avec sa politique répressive contre les sahraouis craint que le texte ne soit cette fois adoptée. Et il a toutes les raison de paniquer puisque même le secrétaire général de l’ONU M. Ban Ki-moon a signifié clairement jeudi dernier dans son rapport, la nécessité de «surveiller de manière durable, indépendante et impartiale» le respect des droits de l’homme au Sahara.

Une déclaration qui a provoqué un état d’alerte au palais. A commencer par le roi Mohammed VI him self qui a mis en garde, samedi dernier, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon contre ce qu’il a appelé des «options périlleuses» sur le dossier du Sahara.

HRW et Amnesty mettent la pression

Dans un communiqué cité par l’agence officielle MAP, le palais royal évoque un entretien téléphonique entre le souverain et le secrétaire général de l’ONU où il aurait été question de «coopération constructive» du Maroc pour «parvenir à une solution politique définitive».

Le communiqué souligne qu’il convient «de sauvegarder le cadre et les modalités actuels de l’implication de l’ONU et éviter les approches partiales ainsi que les options périlleuses». Mohammed VI menace que «Tout écart de cette voie serait fatal pour le processus en cours», a-t-il avancé.

Autrement dit, si le Conseil de sécurité venait à décider l’extension du mandat de la Minurso à la protection des droits de l’homme, Rabat stopperait net les négociations avec la partie sahraouie via l’envoyé spécial du SG de l’ONU M. Christopher Ross.

Le roi appelle Ban Ki Moon

Mais les propos du roi du Maroc traduisent plus une crainte qu’une «menace». Ban Ki Moon a en effet mis le doigt sur la plaie en soulignant la nécessité de surveiller de manière «durable, indépendante et impartiale» les droits de l’Homme dans la région. Une déclaration dont s’est félicitée l’organisation HRW dont un responsable s’est rendu récemment au Sahara occidental. «Les mécanismes existants ont échoué à remplir ces critères», a-t-elle jugé.

De son côté Amnesty International a elle aussi appelé à doter la Minurso de cette nouvelle mission, relevant qu’elle était «la seule opération moderne de maintien de la paix de l’ONU privée de cette compétence». Des déclarations qui semblent étouffer le makhzen plus que jamais sur la défensive. Une source diplomatique marocaine a déploré auprès de l’agence de presse AFP des «glissements» dans certaines positions du rapport présenté jeudi dernier par le secrétaire général de l’ONU.

Un rapport acidulé qui a coûté cher à l’actuel ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, Mohamed Loulichki, au prétexte qu’il a mal défendu le dossier. Le Roi l’a fait remplacé lundi par le fameux Omar Hilale, jusqu’ici ambassadeur permanent du Maroc auprès de l’Office des Nations unies à Genève.

Ce dernier s’est notamment distingué récemment par des propos indignes et irresponsables contre l’Algérie. C’est sans doute son discours guerrier et franchement anti algérien qui lui valu cette promotion royale. Cela suffira-t-il à stopper l’adoption d’une résolution allongeant le mandat de la Minurso à la protection des doits de l’homme dans les territoires occupés ? Réponse jeudi prochain.

Rafik Benasseur