Une Bibliothèque à Paris V-Sorbonne dans un vaste sous-sol? Non ! Pas exactement un sous-sol ! Oui, mais celui d’un marché de fruits et légumes ! Ça ne vous dit rien ? Le marché Michelet à Oran ! Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, c’était durant la préparation de mes exposés d’étudiant en première année à l’Université d’Oran, mais aussi la dernière année d’une Bibliothèque-ouvrable, mais pas pour longtemps ! Depuis lors, fermée pour motif bureaucratique. Elle serait tombée dans le coma disait-on ! Effectivement. Elle rendra l’âme quelques années après. La Société de Géographie et d’Archéologie d’Oran, puisque c’est d’elle qu’il s’agit. Elle avait été pendant près d’un siècle, l’une des trois plus importantes sociétés de pensée, qui ont dominé le champ intellectuel de l’Algérie colonisée.
Bizarrement ! La SGAOran est la seule société de géographie et l’une des rares associations à caractère scientifique en Algérie qui a continué son activité après l’indépendance. (Journal Officiel n° 43 du 31 mai 1966).
Passéisme et nostalgie ? Non ! Mais, je me pose une simple question. Qui étaient les premiers habitants de la région de SIDI-BEL-ABBES ? L’HISTOIRE, ne peut pas répondre à cette question. Il faudrait interroger l’Archéologie qui est une science auxiliaire de l’Histoire. Pourtant, c’est dans la revue prestigieuse SGAOran, qu’on trouve les traces archéologiques du plus ancien foyer préhistorique de la région de SIDI-BEL-ABBES; « Sabalate El-Arab » (el-k’çar) à environ une vingtaine de kms à l’est de la ville de SIDI-BEL-ABBES. Oui, c’est ici qu’on va se réchauffer les mains et voir quel était le plat du jour à midi de « nos ancêtres » ! Ah ! Je parie que vous imaginez déjà un plat d’escargots au zaậtar ! Patientez encore un peu, pour voir le menu de près.
I – Les recherches archéologiques dans la région de Sidi-Bel-Abbès.
Il faut reconnaitre que c’est Luis Demaeght, un passionné des fouilles archéologiques en Oranie qui imposa à cette société la vocation des recherches archéologiques .Rappelons-nous de la borne de Chanzy que notre ami le Dr Reffas, nous a remit en mémoire la semaine passée. Cependant, c’est le dernier président de la SGAO, Charles Goetz, qui nous intéresse le plus. En 1962 lui, a choisi de rester en Algérie pour donner une nouvelle indication à cette revue savante.
Juste avant le début de la deuxième guerre mondiale. Charles Goetz avait publié en France des notes d’archéologie préhistorique nord Africaine sur l’Oranie. Après la fin de la guerre mondiale en 1945-1946, il publia dans la revue SGAO, un article très consistant sur le site préhistorique d’el- K’çar à 1 KLM du village colonial BAUDENS, localité proche de SIDI-BEL-ABBES.
Ce site est incontestablement un patrimoine local et bien sur les autorités locales, associations et peut-être même les étudiants, se montrent indifférents de ces recherches archéologiques effectuées dans la région de Sidi-Bel-Abbès par Charles GOETZ. C’est normal ! Nos bibliothèques ne sont pas dans les sous-sols ! D’autant plus que son nom patronymique à connotation allemande leur rappelle surement un joueur du BAYERN de MUNICH !
Bon, on savait déjà que les Bel-Abbésiens ignoraient totalement qu’il « était une fois », plusieurs tumulus aussi près de Zélifa et sur les bords de l’oued Mebtouh ont été trouvés en 1891 par une association d’archéologues amateurs, leur découverte a été publié par une revue à Marseille. Également, à Oued Imbert (AIN-BERD), de nombreux Silex grossièrement taillés. A Télagh, Daya (Bossuet) et aussi à oued Chouli et Prudhon (Sidi Brahim), sur la rive gauche de rivière Sarno des tumulus ont été découverts .Pour dire que « notre » région a des richesses archéologiques à faire valoir n’en déplaise à certains qui voient SIDI BEL-ABBES comme une ville de « LALIJOU » ! Nos ancêtres habitaient la région avant même le début de l’Histoire.
II – Un Foyer archéologique du néolithique dans la région de Sidi-Bel-Abbès.
Le Néolithique « nouvel âge de la pierre » débute au proche orient vers 9000 ans av.J-C, mais un peu moins en Afrique du nord. Il prend néanmoins fin avec la généralisation de la métallurgie notamment le fer et bien évidemment l’invention de l’écriture vers 3500 ans av.J.C. Ces groupes humains dans la région de Sidi-Bel-Abbes déjà en partie sédentaire, vivaient d’une large part par la domestication des animaux comme le mouton et la chèvre mais aussi les plantes comme le blé,orge dans un but alimentaire entre 5 000 av. J.-C. et 2 000 av. J.-C. Les principales innovations techniques sont la généralisation de l’outillage en pierre polie (Voir figures : 1-2 -3). Dans certaines régions comme TEBESSA (Civilisation Caspéienne), ces mutations sont telles que certains auteurs considèrent le Néolithique comme le début de la protohistoire.
III – Le site « SABALAT EL-ARAB » connu par El-Kçar à 1 Km de Baudens.
Notant que le mot arabe «El’kçar» repris dans cette étude est le qualificatif préféré des archéologues parce qu’il reflète méticuleusement l’Habitat des autochtones, premiers habitants de toute la région nord-Africaine. Ces habitants de d’El-Kçar étaient des « Ouled-Bled » préhistoriques qui ont habité la région bien avant les libyens évoqués par Hérodote dans le premier livre d’Histoire. Toutefois, et selon le langage locale, ce site est connu par les habitants de la région par la dénomination « SEBALATE El-ARAB», puisque l’origine étymologique du premier mot (sebala) vient de l’arabe Fi-Sabil-Allah. On sait tous l’analogie du sacré et de l’eau dans la culture traditionnelle des Algériens. Le site était donc une source d’eau potable. Ensuite un château d’eau pour le village colonial. Observant, maintenant ce que Charles Goetz nous révèle au sujet de ce site.
« L’ensemble de cette station a déjà été décrit dans deux publications (2) où j’ai donné l’inventaire du foyer « С », qui se rattache à l’Ibéromaurusien (= Oranien = Mouillien) (3).Les foyers A-B-C-D-E-G semblent être tous de même nature, et je donne aujourd’hui l’inventaire du foyer « A », inédit, avec plus de détails et de précisions que l’inventaire du foyer « С » précédemment publié.Le foyer « F », au-dessous du foyer « G » a donné quelques lamelles à dos de meilleure facture, mais il n’a pas été entièrement fouillé ; en surface, au-dessus de la carrière, se trouve le foyer « H », dans une zone cultivée, bouleversée par les travaux » .
« j’y ai trouvé une industrie un peu différente, semblant s’apparenter au Néolithique, mais les récoltes sont insuffisantes pour en faire état utilement ; à noter qu’à cet endroit les restes de coquilles d’escargots étaient abondants, alors qu’ils sont peu nombreux dans les foyers sous-jacents ».
Conclusion : Il très utile de rappeler que les fouilles archéologiques effectuées dans ce site ont été établies par une société savante et scientifique de renommée mondiale ! Mais, comment expliquer le « vide » total autour de ce foyer préhistorique depuis 1965, date de la dernière visite de Mr Goetz dans ce site archéologique déjà très fragile à cette époque tout en concluant après l’avoir éventrer : « Après usage des coches d’autant plus nombreuses et profondes le foyer d’El-Kçar, qui a livré quelques lames à coches mais l’ensemble paraît se rapporter au Néolithique .
Nous sommes en présence d’une industrie « ibéromaurusienne » d’une extrême pauvreté, pratiquement limitée aux lamelles à bord abattu. Elle est de fabrication locale, ainsi que nous l’indique la présence de nucleus, de lamelles brutes et de nombreux éclats .Le silex employé est de très mauvaise qualité, et les pièces travaillées sont d’une mauvaise facture. La nourriture comportait peu d’escargots ; les restes d’ossements d’animaux sont brisés, calcinés, la plupart indéterminables. On note la présence de fragments d’œuf d’autruche, souvent noircis par le feu ».
Je préfère m’arrêter là, pour laisser les lecteurs savourer le bonheur d’un repas préhistorique bien de chez nous. Merci à toutes et à tous.
AL-MECHERFI.
Moi que ma vie allait à contresens de l’histoire (matière ) au même titre d’ailleurs que la chimie, quand j’étais élève au lycée ; maintenant que je fais le compte à rebours ,je me vois subitement curieux de tout ce qui a trait aux racines,mes racines ,nos racines.D’après moi,la volonté de savoir sur l’histoire relève de la volonté des hommes ,je veux dire des historiens et concernant votre article des historiens bélabésiens.Je ne peux comprendre qu’une région comme SIDI BEL ABBES ( plate ,fertile et riche en curiosités ,au climat idéal ….)ne puisse déceler un patrimoine qui ferait » pâlir » les grands sites archéologiques.J’allais dire ,même depuis 62,celui qui s’installe ne voudrait plus la quitter ,mais, malheureusement ,seulement pour en tirer profit sans laisser trace pour le futur.Merci Mr ELMECHERFI pour ce clin d’œil plein d’enseignement qui ouvre la voie à des questionnements dans le domaine.
Merci Mr Al Mecherfi, très intéressante et très captivante l’histoire de la préhistoire dans la région de Sidi Bel Abbés…..!!! Et dire qu’on ignore beaucoup d’histoires sur notre Histoire…!!! C’est voulu…!!!
‘LALIJOU’ avec leurs sales bottes ont souillé nos villes, nos sites et notre histoire…!!!!
Espérant que la nouvelle locataire du ministère de la culture va donner un coup de balai aux fantômes des châteaux en ruine pour promouvoir la culture au sens large du mot….!!! Chteh wa Rdih uniquement y en a marre…!! Et encore quel Chteh et quel Rdih…!!!
Au fait, est ce qu’il y a une filière d’archéologie à l’université de SBA…??? Si Non, les services concernés savent maintenant ce qui leur reste à faire….!!!
Bravo Mr Al Mecherfi…!
Bonjour mon ami Al Mecherfi.
C’est bien Hannibal qui est parti piétiné les terres du vieux continent du temps de la grande Numidie de Massinissa. Bien avant les légionnaires de l’armée française, Rome s’est servie de sa légion ramenée de Mésopotamie pour sécuriser le nord la région, des incursions des berbères nomades du sud et des circoncellions autohctones des montagnes des hauts plateaux à partir de Ténira et Chanzy jusqu’à Aqua Sirense(Bouhanifia) en passant par Djebel Robba et le Douar des Souabria. Notre région, tu viens de le prouver qu’elle est bien « néolithique » avant même la venue d’autres conquérants à savoir les Romains, Byzantins… et Arabes. Quelle est l’approche de la direction de la culture pour la promotion de notre patrimoine? Nulle bien sûr . Je mesures bien ma conviction. Hélas, c’est toute une habitude difficile à irradiquer. Félicitations mon ami.
lire piétiner au lieu de piétiné. mes excuses.