Les raïmans se disputant le terrain, les Raïna-Raï se sont distingués en apportant leur touche particulière en puisant leur verbe du terroir.
«Le moins que l’on puisse dire est que ce soir nous avons eu droit à la belle parole rythmée par la belle musique», a déclaré Hadja Kheïra, ajoutant que «je ne me gêne pas pour venir avec ma famille suivre de près les Raïna Raï». Hadja est, contre toute attente, très nostalgique du verbe mesuré.
Tout compte fait, les Raïna-Raï, qui boucleront bientôt leur trentenaire, continuent, après leur retour en force, à tenir leur serment en semant la joie parmi les familles et les jeunes. Leur style, immortalisé, est définitivement ancré dans les esprits des adeptes du raï, celui des Raïna-raï bien évidemment. Leur dernière oeuvre a été signée, jeudi soir, à Oran où les enfants de la capitale de la Mekkera ont renforcé davantage leur ancrage dans la capitale du raï.
La crème des Raïna Raï, en l’occurrence Kada Zina, Hachemi Djellouli, Abdellah Terkman et Tarik Chikhi, a été au rendez-vous tant attendu par les Oranais.
Dans leur spectacle, les raïmens sont allés droit au but puisqu’ils ne sont plus à présenter. Ainsi donc, les légendaires revendicateurs de la paternité du raï ont chanté et fait danser près de 30.000 spectateurs qui ont accompagné en choeur toutes les chansons interprétées par Kada.
Dans l’orchestre, Hachemi Djellouli garde intact le dynamisme du batteur-vocaliste. Ils sont rares à travers le monde les batteurs qui chantent en même temps. El Hachemi Djellouli, lui, est un cas spécial qui garde à lui seul le secret qui ne cesse d’intriguer les plus au fait de la musique. Le jeune guitariste Nadjib ne s’est pas trop démené sur le plateau vu que son maître, Terkman Abdellah, le suit, avec rigueur, de l’autre côté du podium.
Là où ils se produisent, les Raïna-raï font un tabac. Même l’animatrice du spectacle de jeudi n’a pas dissimulé cette faculté propre aux ambassadeurs de la wilaya de Sidi Bel Abbès. Celle-ci a, au moment d’annoncer la prestation de jeudi, déclaré publiquement que «lors de la première édition du festival du raï tenue en 1985 à Oran, les Raïna Raï avaient dépassé l’enfant d’Eckmühl, cheb Khaled».
À cette époque, tous les raïmens se disputaient le terrain, les Raïna-raï se sont distingués en apportant leur touche particulière en puisant leur verbe du terroir tout en innovant dans l’interprétation vocale et musicale. L’animatrice n’a pas eu tort en faisant une telle déclaration car, les Raïna-raï ont démontré leur attachement au style tant revendiqué par les jeunes.
Dans le point de presse qu’il a animé à l’issue du spectacle, Hachemi Djellouli a affirmé que «les Raïna Raï poursuivront le chemin qu’ils se sont tracé depuis la création de la troupe en 1982». Etant le premier à tenter le coup de jeudi soir, Hakim Salhi, qui n’est pas passé inaperçu, a justifié sa célébrité. En puisant dans ses anciennes et nouvelles chansons, l’artiste a ravivé chez les jeunes la frénésie de la danse. C’est d’ailleurs, ce qui fait la particularité du chanteur qui accompagne son chant par des danses soigneusement exécutées.
La chanson engagée n’a pas été en reste, puisque mercredi dernier, le public oranais a eu droit à un spectacle dans lequel la revendication sociale a prédominé.
En effet, le coup d’envoi du show a été donné par Maruti de Baâziz tandis que la clôture a été signée par l’hymne de la patrie, Algérie mon amour.
Par Wahib AÏT OUAKLI
L’expression