Disposer de son propre corps est un droit reconnu. Libre à chacun d’en faire ce qu’il veut. Certains y voient un acte héroïque ( les kamikaze), d’autres, un don de soi pour une noble cause (les fidayines), d’autres un acte sacrificiel ou de désespoir ( les hara-kiri), d’autres enfin, une pure folie, je suis de ceux-là.
Mais nul n’a le droit de disposer de la vie d’autrui ni de la mettre en danger. Car mettre la vie d’autrui en danger est un acte immoral; puisqu’il est le reflet d’un égoïsme certain. Il est un aussi un acte criminel; puisque toutes les lois pénales le prévoient et le condamnent lourdement, de manière universelle.
On peut aller jusqu’ au bout de cette logique et reconnaître à qui le veut le droit à se suicider, si cette folle envie le prend. Mais personne ne peut reconnaître à personne le droit à trucider, sous peine de commettre le crime d’incitation au crime qui est aussi condamnable que le crime lui-même.
Les hirakistes les plus convaincus estiment que la guerre contre le pouvoir mérite tous les sacrifices. Non seulement le sacrifice de soi mais aussi celui de l’autre. L’autre non consentant.
Certains retoqueront que ce que j’affirme là est excessif. Mais comment expliquer alors que l’on sorte encore malgré la dangerosité avérée du coronavirus (ce mal inconnu imprévisible, irrésistible et à propagation exponentielle) et malgré les avertissements de toutes les autorités internationales, médicales scientifiques, politiques et religieuses.
Chaque hirakiste qui sort, dans chaque ville, dans les conditions actuelles, constitue un vecteur de propagation du mal, et donc un danger potentiel pour les autres. Il est une menace inconsciente pour lui-même et une menace coupable pour les milliers d’autres.
La théorie défendue par les plus ultras, selon laquelle le pouvoir profite de la menace virale pour casser le Hirak, a certainement une partie de vérité puisqu’il est factuel que le pouvoir trouve là une belle opportunité. Mais elle a aussi une énorme partie de non sens. Ce qui la frappe de stupidité c’est le fait que partout dans le monde ou le covid-19 frappe, des mesures d’interdiction des réunions en masse sont prises, de la manière la plus vigoureuse qui soit, allant du confinement, à l’isolement, à la mise en quarantaine de pays entiers, à la déclaration d’état d’urgence.
Il y a réellement grand péril en la demeure. Danger de mort. Donc, de grâce, sérénité et responsabilité.
Tout le monde en a conscience, sauf nos marcheurs invétérés.