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Vérité scientifique contre vérité religieuse,

ByMekideche A.

Juil 25, 2020

Vérité scientifique contre vérité religieuse, ou faut-il ou non faire la fête.

La commission ministérielle de la fatwa, qui dépend du ministre des affaires religieuses et des wakfs, a décidé d’autoriser la célébration de l’Aïd el Adha, avec le respect des mesures barrière contre la propagation du virus covid19 !!!

En réaction à cette fatwa, un collectif de professeurs en science médicale s’est réuni et a adressé une lettre au décideurs, leur demandant de décréter L’ABSTENTION POUR TOUS de la célébration de cette fête, en raison des grands risques qu’elle présente cette année, particulièrement en raison de la forte propagation du virus et de la hausse des contaminations.

Qui des deux parties à raison, qui est compétent pour juger de la dangerosité ou non de la célébration d’une fête en période de pandémie? Évidemment c’est les scientifiques; c’est leur domaine de compétence, tout le monde en conviendra.

Entre ces deux positions complètement contradictoires l’état doit choisir. Et en choisissant il donne raison, soit aux médecins et donc à la vérité scientifique, soit aux religieux et donc à la vérité théologique; soit à la vérité révélée soit à la vérité donnée, comme disent les philosophes. Autrement dit le pouvoir temporel, incarné par l’état, doit arbitrer un différent qui oppose le pouvoir spirituel et le pouvoir scientifique autour de la question du maintient pour cette année où non de la fête religieuse sacrificielle.

C’est que la vérité est liée au pouvoir: au pouvoir théologique (ou spirituel) qui a dominé l’humanité fort longtemps, au pouvoir temporel (ou politique) qui est aussi ancien que le premier, et, enfin, au pouvoir scientifique, né assez récemment à la faveur de la révolution scientifique, déclenchée elle-même par la révolution Galiléenne qui, en occident, a remis en cause le dogme religieux et a ébranlé la vérité religieuse (la vérité révélée). Cette vérité qui depuis Galilée a commencer à perdre du terrain, jusqu’à le perdre définitivement dans les états laïcisés qui, eux, ne croient plus que la terre est le centre de l’univers, et qui progressent depuis.

De fait, l’état qui représente le pouvoir temporel en Algérie a tranché. Il a donné raison à la voix de la fragile croyance au détriment de celle de la solide éxpérience (la médecine étant une science expérimentale), à la religion au détriment de la science. Il à relègue au second plan l’avis expert des scientifiques au bénéfice des fatwas des théologiens qui ne connaissent rien aux pandémies.

Pouvait-il faire autrement ? Dans les états théocratiques, ou le pouvoir religieux domine, il va sans dire que la vérité religieuse domine tous les autres plans de vérités et la vérité scientifique doit lui être conforme sous peine d’être accusée d’hérésie. Dans ce genre de régime l’homme de science s’incline devant le dictat de l’ordre religieux. En revanche, dans les états laïques c’est l’homme de foi qui disparait. Dans le cas d’une maladie, de ses répercussions sur la santé publique et des moyens de la combattre, seule la parole scientifique compte, seule elle est crédible, seule elle est audible. Elle prime même sur la volonté politique qu’elle lie. L’expérience de la gestion de la pandémie coronavirus en Europe laïque fournit un exemple éloquent de cette réalité.

Pour ce qui est de notre pays dont l’islam est la religion d’état et ou les algériens sont en très grandes majorités des croyants, l’état qui peine encore à restaurer son autorité perdue et qui souhaite pour cela l’adhésion à sa cause de la masse, il ne peut que s’aligner sur l’avis religieux qui draine les foules. Il a conscience que les algériens sont plus attachés à la vérité révélée, portée par les hommes de foi qu’à la verité que peut donner la science. Il sait qu’il a tout à perdre s’il sacrifie la verité religieuse et qu’il n’a rien à perdre s’il sacrifie la verité scientifique.

C’est bien dommage. L’homme de foi n’a pas la même appréciation de la vie que l’homme de science. La doctrine à laquelle il est soumis voit en la mort dans la souffrance une indulgence (au sens chrétien moyenâgeux), une grâce par la souffrance, une clé qui donne accès au paradis. Alors maintenir la fête malgré les grands risques n’est pas si risqué que cela, puisque la mort si elle advient, elle est alors rédemptrice. En revanche l’homme de science, le médecin, sacralise la vie, il en a fait le serment. Son soucis premier c’est le salut des corps qu’il doit doit arracher à la mort, quant au salut des âmes et leur destination, il s’en soucie très peu.

Dr Bekkat Berkani, homme de science, medecin et membre du comité scientifique, fait le constat que « la fatwa des religieux a primé sur l’avis des médecins ». Donc de l’échec de la pensée vraie, de l’expérience, face aux impératifs de la croyance et du dogme religieux. Sans le dire expressément il regrette que notre société soit à des années lumières de la révolution Galiléenne, qu’elle traîne encore, au deuxième millénaire, les boulets lourds d’une foi que contredit l’expérience. Il termine, amère, par avertir que ces religieux assumeront la responsabilité de leur fatwa en cas de décès et de la propagation de la maladie! Mais de quelle responsabilité parle monsieur Bekkat? L’homme de foi ne peut se tromper puisqu’il n’est que le porte voix d’une vérité qui ne se trompe pas, même si au bout il y’a de la mort à la pelle…teuse.