VOIR LA VIE EN COULEUR

Trois façons s’offrent à l’homme pour voir la vie:

Celle de la nature qui propose de la voir en couleur.

Celle des hommes heureux qui proposent de la voir en rose.

Et celle des hommes aigres et tristes qui proposent de la voir en noir.

Ces jours-ci, les hommes tristes ont pris la parole pour contaminer par leur aigreur.

La coupe du monde du Qatar ne cesse de faire des effets. Certains plus heureux que d’autres. En résistant à la tentative de l’envahissement culturel des LGBTQ, et en tenant à imposer à ses visiteurs le respect de ses valeurs, ce petit pays a interdit sur son sol l’exhibition du SIGLE arc-en-ciel qu’ils ont choisi pour symboliser leur particularité sociale. Mais des esprits tordus ont voulu aller bien au-delà de l’arc-en-ciel, et, la république, pour lui emboîter le pas, veut aller au-delà de l’émirat. Pour cela, au lieu de se contenter d’interdire le sigle arc-en-ciel, ils ont poussé l’absurdité jusqu’à tenter de prohiber la PANOPLIE des couleurs avec lesquelles Dieu orne l’univers et la PALETTE dont se sert la main de la nature pour dessiner des tableaux sublimes, hauts en couleur, qui nous émerveillent.

Ces personnes, qui pourtant vivent intimement leur vie en rose, veulent nous l’imposer triste et noire. Ils font enfin une decouverte et ils nous disent que ni la loi de Dieu ni la saine morale des hommes ne supportent les couleurs.

Et ils nous incitent à la délation. À signaler les produits qui choquent notre religion et nos valeurs morales. Et ils organisent des descentes. Et ils saisissent. Et ils filment. Et ils brûlent les produits en couleurs comme jadis les Tatars les livres.

Mais comment savoir, messieurs, quel produits est contraire à notre foi et nos valeurs. Qui le sait si ne vous le dites pas. Osez donc, la loi et osez les décrets d’application. Non, vous ne le ferez jamais. Ce serait risible aux yeux du monde. Nous faut-il alors suivre le modèle des Talibans: porter l’accusation à nos habits, à nos téléviseurs et nos radios et les exécuter en public? Nous faut-il faucher les champs où il y’a des roses et des fleurs pour que vous puissiez y planter du pavot ?

Non. Nous aimons et nous aimerons la vie telle que nous l’avons aimé depuis que le temps et temps: belle et enivrante de couleur. Et ce n’est pas parce que des êtres venus d’ailleurs ont volé l’arc-en-ciel qu’il vous est permis de casser nos palettes.

Non. Nous préférerons toujours le printemps à l’hiver, si le premier est une mort, le second avec ses éclats de couleurs est une résurrection.

Non. Nous aimerons malgré vous les couleurs, car elles ne se trouvent pas dans les ténèbres et ne sont visibles qu’au grand jour.