LE GRAËT, LES MOTS, LES MAUX, LA MORT

Abed Charef pense que l’affaire Zidane-Le Graët est une affaire franco-française qui ne devrait pas nous intéresser outre mesure. Il a raison de le penser, le souchien et le beur ne sont pas des nôtres et leur combat de coq (sportif) ne nous concerne pas. Donc passons outre.

En revanche le cas Le Graët, isolé, nous intéresse en ce qu’il montre ce que peut être le poids des mots et leurs effets sur une carrière et même sur une vie. En effet il a suffit d’une poignée de consonnes et de syllabes pour que le grand manitou du football français tombe de Charybde en Scylla (de l’irrespect au harcèlement sexuel), pour qu’il soit descendu avec violence de son piédestal, pour que sa carrière et sa vie soient brisées et pour qu’il soit désormais traité comme un paria, rejoignant ainsi le club maudit des notables déchus de France. Hier déchus pour cause de pédophilie, ou d’inceste, ou de corruption, ou d’évasion fiscale, ou de violence faite aux femmes. Aujourd’hui, le cas Le Graët nous renseigne sur le fait qu’on peut être enterré vivant à cause d’une langue qui n’a pas pris le temps de tourner sept fois dans la bouche avant de se lâcher les brides.

Est-ce l’effet de la sénilité due à l’âge ou de l’ébriété due à l’abus d’alcool? en tous les cas, en s’en prenant à “dieu”, en jouant l’iconoclaste, le vieux président de la FFF s’est cassé les dents et, plus jamais il ne pourra rien mordre, sauf ses lèvres.

Comment le vieux naufragé a-t-il pu décliner de son triomphe de la veille à sa disgrâce d’aujourd’hui ? L’audit décrété le dira peut-être. En attendant, et ce qui est certain c’est que s’il ne s’était pas pris au coeur de la France, son Zizou cheri, et s’il n’avait versé sa haine que sur un petit, il n’aurait pas provoqué une crise au sommet de l’État ni son intervention dans un domaine qui n’est pas de sa compétence, et Le Graët aurait continué à se la couler douce, bras dessus bras dessous avec l’ami Deschamps, sous les yeux amoureux d’une France encore ivre de son succès footballistique récent et relatif. L’immonde Houellebecq n’a t’il pas chier sur tous les musulmans sans que la France se bouche le nez et sans qu’il ne perde ni un poil ni une dent, ni même un gramme de sa grande popularité d’auteur de la haine extrême ?