Le sort d’une ville, comme celui d’un pays, dépend de ses premiers magistrats. Ils peuvent la sortir du néant comme ils peuvent l’enfoncer dans la d’échéance.
Depuis plusieurs années, sidi Bel Abbès est victime des siens, comme le pays fut victime du sien. Elle meurt de leur incompétence, parfois de leur félonie, en tous les cas de leurs blessures, comme dirait l’autre.
D’année en année, de maire et maire, de Chrysanthème en chrysanthème, son lustre d’antan se perd. Le petit Paris est perdu, il n’est que l’ombre de lui-même.
De triste,la ville de Sidi Bel Abbes et devenue laide, et de laide elle est devenu clocharde, et de clocharde elle est devenue lugubre et de lugubre elle est devenue invivable.
Alors que d’autres villes, telles Tlemcen ou Mostaganem, avancent, elle, elle recule. Elle est délaissée. Elle est déclassée. Elle est dépassée. Elle ne pourra jamais rattraper son retard. De toutes les ville de l’ouest, elle est celle que la raison demande de quitter si ce n’est l’emprise du cœur.
Elle est passée entre des mains de maîtres, puis entre des mains sales, puis entre des mains paralysées, et puis entre des mains incapables.
Son drame est d’avoir commencé par le meilleurs pour finir dans le pire. Son autre drame, qui est plus grave, c’est l’insouciance et le silence complice d’une population qui semble se plaire à vivre dans la boue. Peut-être qu’elle n’a que les responsables qu’elle mérite.