L’aveu sur le passé colonial de la France en Algérie *

Marine Le Pen, tout comme précédemment son tortionnaire-légionnaire de père, n’a pas de souci à se faire pour son fond de commerce, parce qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres en matière d’économie, d’immigration au regard des restrictions des visas délivrés au compte-gouttes ( même si on facilite les procédures, rien n’empêche d’en refuser tout autant sinon plus !) et surtout de rapprochement entre les deux pays, et donc de repentance, si l’on en croit le dernier sondage CSA qui indique que seulement 13% des français sont pour des excuses officielles de la France pour son passé colonial et de guerre d’indépendance en Algérie.

Avec les 35% qui sont catégoriquement contre et les 26% qui avouent leur « oui…mais , à condition que …», cela fait plus de deux tiers de la population française qui n’est pas encore prête à faire œuvre de contrition et de pardon, alors que 57% des Algériens récemment sondés ( Liberté – Institut OKBA) dans notre pays sont moins vindicatifs envers l’ancien colonisateur pour son passé et les crimes commis.
Mais est-ce bien là l’essentiel et l’indispensable, pour nous Algériens, qui savons toute la haine accumulée par la double humiliation des forces armées françaises successivement en Indochine et en Algérie (qui explique aujourd’hui son double refus de rendre le canon et les clefs de la Régence d’Alger) et par l’exode massif, dans la débandade, des colons et de la population pied-noir en juillet 62, et qui n’est pas faite pour atténuer tous les ressentiments accumulés depuis cette date en raison de « l’honneur perdu » de la France dans ses anciennes colonies?

Il m’est avis personnellement, qu’avant la repentance, ni même la reconnaissance de ce passé colonial, il ya tout d’abord et tout simplement l’urgence et la nécessité d’une « connaissance » véridique et objective de ce passé par l’ancienne puissance occupante, passé dont elle détient paradoxalement quasiment toutes les archives.

Qu’on en juge seulement à travers les programmes d’histoire en France, où cette méconnaissance de l’Histoire, qui était, et est, certainement encore enseignée aux petits français à l’école, et plus tard au lycée, à la façon d’une histoiriette édulcorée, faite de faits déformés, répondant à une approche tendant à sublimer le colonisateur et à emberlificoter le lourd passé colonial de la France en Algérie.

Aussi, et de ce point de vue, il y a encore beaucoup de travail en perspective en matière de connaissance , d’enseignement et de vulgarisation de l’Histoire de la colonisation, en premier lieu en France, pour que l’opinion française puisse enfin représenter une majorité dominante, sincèrement convaincue pour emporter de manière déterminante la nécessité objective de cette reconnaissance, puis, et immanquablement, de ce pardon salvateur et apaisant tant recherché de part et d’autre , pour écrire peut-être ensemble une page de fin à cette longue histoire mouvementée et passionnée entre les deux pays.

Dans cette recherche de la vérité, le Président français n’en a pas dit davantage devant le parlement algérien, dans la mesure où dans sa conférence de presse, la veille, en déflorant la primeur de son discours aux députés, et malgré sa mise en garde contre l’oubli et le déni du passé, tout en admettent le caractère injuste et brutal de la colonisation, il avait prévenu qu’il n’y aurait ni repentance ni excuses.

Comme une déclaration d’amitié ça ne mange pas de pain, ce qu’est surtout venu chercher Hollande en Algérie, en parlant (beaucoup, depuis son arrivée en Algérie) d’avenir, c’est une solution conjoncturelle aux problèmes économiques des deux pays, le sien surtout – intérêt supérieur de la nation oblige- , pour la France en tant que vieux pays en « crise …de croissance », et dans une moindre mesure, pour l’Algérie, comme éternel pays jeune en « crise …de développement ».

Pour le reste, il faudra encore faire preuve de réalisme, et s’armer de patience en laissant le temps au temps…

* Le titre est de la rédaction

 

 

One thought on “L’aveu sur le passé colonial de la France en Algérie *

  1. Bonjour, M. Omega. Je serais heureux de te voir contribuer au journal plus fréquemment. Car, il faut avouer que j’adhère totalement à ton analyse et la partage.
    Néanmoins, j’aimerais ajouter que nos “gouvernants ne sont pas exempts de l’utilisation de la repentance comme fonds de commerce. Comparer la position de Cherif Abbes il y a quelques et celle d’hier, il n’y a pas photo. Quand je vois un Belkhadem “exiger” la repentance, cela me rappel les années 70, quand “la Kasma FLN de Souk Ahras “condamnait l’impérialisme américain et le sommer à quitter le Viet Nam immédiatement”. Je n’ai rien a F…. (excusez moi) de leur repentance, mon indépendance, je l’ai chèrement payée! Et je refuse à quiconque d’utiliser la mémoire de nos pères à des fins électoralistes et surtout vers un comportement haineux!
    En tous les cas, soyez-en sur,si l’Algérie était une puissance la France – toutes forces politiques confondues – s’empressera de demander pardon, sans qu’on le lui demande! Le monde est ainsi fait. L’Allemagne a bien demandé pardon aux juifs, aux Français, mais jamais à la Pologne! Tout comme les USA ne demanderont jamais pardon à l’IRAK, au Viet Nam, au Laos, au Nicaragua…ni aux Indiens!
    Amicalement.

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