Le 17 mars 2010 BAI publiait un portrait de l’artiste de Bario Alto,Cheikh M’Kalech surnommée pour la circonstance « l’artiste des pauvres », meme s’il a été repris par un certain nombre de sites à l’époque, mais c’est surtout en ce mois de Décembre qu’une évocation semble necessaire puisque 11 années auront été bouclées depuis sa mort subite des suites d’une maladie foudroyante que nous quitta à jamais cet initiateur de tant d’évenements d’ordre culturel et musical dans la ville des mille et un artistes.Nous reprennons cette évocation qui reste toujours d’actualité pour marquer ainsi notre attachement à ce chanteur hors-pair qui a marqué l’histoire du Rai dans la Mekerra.
Ainsi nous quittait à jamais notre ami Cheikh M’Kalech (M’qalech) qui selon une source de la voix d’Oranie avait écrit à titre évocatif, La rôdeuse «œil torve sentinelle des caveaux de glace» a surpris l’enfant authentique du plat pays, chez lui à la cité Sorecor, par une nuit froide de décembre 2002, entouré des membres de sa famille et de quelques proches compagnons des mémorables «gangs» de Bario Alto. Il a lutté, des mois durant, contre une méchante maladie pour, tenter de se mettre d’aplomb et être au rendez-vous de l’année de l’Algérie en France qu’il appelait de tous ses vœux. Les vents contraires du destin en ont décidé autrement pour l’artiste des pauvres. Comme d’habitude, tout au long d’une trajectoire faite d’occasions manquées et d’amours toujours contrariés.De son vrai nom Bouchrit Abdelkader, Cheikh M’kalech est né en 1931 à Ouled Ali, une localité excentrée de la commune de Makedra, où il a passé sa première enfance avant de «descendre» à Sidi-Bel-Abbes en compagnie de toute sa famille qui venait d’être dépossédée de son lopin de terre par arrêté de la municipalité de l’époque. Il vivra cet épisode comme une véritable déchirure qui lui inspirera un grand nombre de ses chansons futures, entre autres «Ouallah yal m’dina ma n’houad lik … » Les Bouchrit vont se fixer d’abord à Bario Alto, vieille citadelle de la rive gauche de la Mékerra où il commença, sous la direction de Cheikh Breik el Gourari, par plaquer ses premières notes de musique sur un banjo de fortune rafistolé à l’aide d’un phare usager et de menus accessoires récupérés d’un camion de transport de troupes américain. Les années 50/60 vont marquer ses vrais débuts artistiques avec un répertoire très varié de plus de 56 chansons et de compositions instrumentales dont certaines seront reprises, avec une égale réussite, par de jeunes interprètes de la ville, entre autres Cheb Slimane Bouden et Cheb Mimoun du «Groupe des Orphelins», actuellement installé en Belgique. Après une première période d’activité en solo, durant laquelle il sera surtout invité à chanter dans les mariages des familles pauvres et les «taguesrate» des éternels laissés-pour-compte de la périphérie urbaine, il se décide à intégrer des troupes de variétés musicales mieux structurées, celles notamment du «Amal» de Amir et d’El Afrah» de Benaricha Ahmed. En plus de son récital de chansons qu’il assure en alternance avec un autre maître du genre, en l’occurrence Kadri D’ziri père de la mythique Zina de Raina rai, Cheikh M’Kalech se fera remarqué également sur les tréteaux, en intermède des spectacles, avec des monologues hilarants où s’entremêlent le trivial et le tragique des situations. L’expérience du travail eri groupe finit par le refroidir totalement pour se résoudre, une seconde fois, à tenter l’aventure en solo avec l’aide de ses fidèles Gnadiz de Sidi Djillafi pour les percussions et l’accompagnement musical. Quelques mois avant sa mort, en prévision de sa participation à un programme de spectacles en France la «guemna» des anciens donne, à Khayi Mkalech, la force de revenir au bord du lac de Sidi Mohamed Benali et chanter pour la dernière fois ses meilleurs textes :
« Khalouni nebki ala rayi, Ya mali mali mal wash issaberni, Ya taleb ardja n’salek, Labnat labnat libiya, Sem’ouli ya khwani…» Janvier 2005. Retour sur le lieu de tournage de ces dernières images… Le majestueux peuplier languit toujours de l’absence de «l’homme à la guitare sèche et à la caisse de rétameur en bandoulière en train de faire des mamours à une mécanique insensible…»
Abbes, le poète écorché vif, gardien du dernier «carré de Grenache» de notre ancien plateau solaire, connaît la suite de mon histoire.