«RESTITUEZ-NOUS NOTRE FLN !»

« Aujourd’hui (…), nous, relégués à l’arrière, nous subissons le sort de ceux qui sont dépassés. C’est ainsi que notre mouvement national, terrassé par des années d’immobilisme et de routine, mal orienté, privé du soutien de l’opinion populaire, dépassé par les évènements, se désagrège progressivement à la grande satisfaction du colonialisme qui croit avoir remporté la plus grande victoire de sa lutte contre l’avant-garde algérienne.» Cette citation est extraite du préambule de la déclaration du 1er novembre 1954 et nous est rappelée par M. Omega dans un commentaire.

J’aimerais compléter cet extrait par d’autres qui définissent ce qu’est réellement le FLN et la qualité de visionnaire pour ses glorieux initiateurs :

« Nous tenons à cet effet à préciser que nous sommes indépendants des deux clans qui se disputent le pouvoir. Plaçant l’intérêt national au-dessus de toutes les considérations mesquines et erronées de personnes et prestige, conformément aux principes révolutionnaires, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi et aveugle, qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des moyens de lutte pacifique. »

« Ce sont là, nous pensons, des raisons suffisantes qui font que notre mouvement de rénovation se présente sous l’étiquette de FRONT DE LIBÉRATION NATIONALE, se dégageant ainsi de toutes les compromissions possibles et offrant la possibilité à tous les patriotes algériens de toutes les couches sociales, de tous les partis et mouvements purement algériens,  de s’intégrer dans la lutte de libération sans aucune autre considération. »

« BUT : L’Indépendance nationale par :

1) La restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.

2) Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions. »

Le Glorieux Front de Libération Nationale (FLN) est donc un mouvement national né le 1er Novembre 1954 avec un seul objectif : l’Indépendance de l’Algérie. Tout algérien qui se sentait interpelé par cet objectif y a adhéré sans réserve aucune. Qu’il soit socialiste, capitaliste, communiste, islamiste ou athée, c’était  SON mouvement, c’était sa Famille, c’était son Parti.

Dès le déclenchement de la Révolution, passant par la création de l’ALN, le FLN a pris de la notoriété et s’est imposé comme force libératrice, exemple de décolonisation. Mandela y a été formé à la Guerilla. Beaucoup d’Etrangers et notamment des Français, convaincus par les idéaux véhiculés par ce mouvement nationaliste y ont également adhéré, soit par leurs écrits, leurs comportements, soit à l’extrême par la prise des armes et la participation à la lutte armée. Ce qui en soit démontre la sacralité des objectifs du FLN.   Les actions héroïques  ont fait de Lui, un modèle dans la lutte des Peuples pour leur liberté.

Malheureusement,  à l’Indépendance, ce mouvement respectable a été confisqué par le Pouvoir en place, pour en faire un Parti unique, qui a régné depuis, sur l’Algérie, la déclaration et ses objectifs essentiels « mise au placard » Si durant la période Boumédiène, cela pouvait passer, puisqu’à la façade, il n’y avait que le FLN donc représentant unique de tout le Peuple, rien ne justifie l’utilisation de ce sigle après l’ouverture politique et la multiplication des Partis. En effet, à ce stade, le FLN en tant que Parti, ne représente que ses adhérents. Alors, de quel droit, ceux-ci s’arrogent-ils la permission d’utiliser un sigle « patrimoine national » à des fins partisanes ne représentant qu’une frange de la Société, fusse-t-elle –ce qui n’est certainement pas le cas – la majorité ? De quel droit des individus qui n’ont même pas fait partie du FLN d’origine, puissent-ils aujourd’hui se permettre de  s’introniser « dépositaires » de ce label sacré ?

Yahiaoui, Messaadia, Benhammouda, Mehri, Belkhadem ont-ils le droit de confisquer une propriété nationale ? Belkhadem a-t-il le droit aujourd’hui de décider si un militant a le droit d’adhérer ou pas au FLN ? Qui lui donne le pouvoir de décider qui doit représenter le FLN aux différentes instances électives ?

Toutes ses questions demeurent d’actualité et remettent en cause l’utilisation du sigle historique à des fins partisanes excluantes. Pourtant, la première loi électorale de l’Algérie du multipartisme a bien interdit l’utilisation des anciens sigles. On a vu que des demandes d’agrément ont été rejetées et notamment celle d’un nouveau PPA. Alors, pourquoi l’exception pour le FLN ? Ce n’est que la victoire des rentiers qui ont pesé dans le rapport des forces.

Récemment à  la faveur des débats à l’APN sur le projet de loi électorale, DOK (Daho Ould Kablia) a confirmé le rejet de l’agrément du PPA pour la énième fois, justifiant cela par « l’interdiction d’utilisation de tout sigle ayant existé avant 62 » et le FLN : « Il n’est pas concerné ! » rétorque DOK.

L’aberration est à ce niveau. La logique aurait voulu que tous les sigles fussent agréés et pas le FLN. En effet tous les autres sigles (PPA, MTLD, MNA…) étaient réellement des Partis avec leurs adhérents. Donc, il n’y a pas de raison pour qu’ils ne puissent pas se reconstituer aujourd’hui. Par contre, le FLN n’était pas un Parti, mais un Front qui a regroupé l’ensemble des adhérents des PPA, MTLD, MNA….. ainsi que tout autre Algérien apolitique,  pour un seul objectif : L’indépendance de l’Algérie, tout comme a été créée l’ALN sa branche armée, avec objectif comme son sigle l’indique, la libération nationale. L’ALN a rejoint le Musée de l’Histoire dès 1962 pour laisser place à l’ANP. Le FLN aurait dû en faire de même, laissant la place à des Partis authentiques, défendant des projets de Sociétés comptables devant le Peuple.

« Notre désir aussi est de vous éviter la confusion que pourraient entretenir   ….. (les) autres politicailleurs véreux. »

Oui,  la cupidité, l’hypocrisie et des intérêts bassement mercantiles, de  ces cercles de politicards véreux, ont continué a utiliser ce sigle qui aura été le symbole du serment des Chouhadas, et pire, à le galvauder et détruire sa notoriété, le mettant en position d’être souillé, insulté, non seulement à l’extérieur du Pays, mais également par les propres enfants de cette Algérie ! Le sigle du prestigieux FLN, est devenu aujourd’hui un terme presque « répugnant » de par le comportement de ses dépositaires usurpateurs.    Arrivé au point où le FLN soit revendiqué dans un cercle purement familial, dénote du niveau atteint par les agissements des responsables de cette « association lucrative » qui procède de la contrefaçon pour soigner son image. Mais le label est inimitable ! Jamais, au grand jamais, l’authenticité du FLN historique ne saurait être égalée, ni souillée par ceux-là même qui recourent à la contrefaçon pour mieux vendre.

Cette chronique qui sort de l’ordinaire par le ton qu’elle s’impose, se veut beaucoup plus un appel au respect de l’Histoire, un appel au respect des Chouhadas, un appel pour le respect des symboles de la Nation, et le FLN en est un des plus prestigieux, des plus glorieux. En un mot le respect du Peuple.

La déclaration de 1er Novembre 1954 conclut avec cet appel :

« Algérien ! Nous t’invitons à méditer notre charte ci-dessus. Ton devoir est de t’y associer pour sauver notre pays et lui rendre sa liberté ; le Front de libération nationale est ton front, sa victoire est la tienne. »

Alors, restituez-nous notre FLN, le Vrai, l’Authentique, celui de Krim Belkacem, Mostefa Benboulaïd, Larbi Ben M’Hidi,Mohammed Boudiaf, Rabah Bitat et Didouche Mourad ;  et choisissez le nom qui sied le mieux à vos aspirations de rentiers éternels. Un nom qui sied à Belkhadem. Le FLN est trop grand pour lui. Le FLN est trop important, plus glorieux que ce qu’il peut représenter.

 

 

Un commentaire

  1. Dans le scepticisme ambiant qui caractérise actuellement la scène politique nationale, la chronique de ce jour a le mérite d’apporter de salutaires clarifications.
    Ce qu’il convient également de retenir dans la relecture de la Déclaration du 1er Novembre 1954, tout en partageant l’idée que le sigle du FLN historique doit être mis à l’abri de toute utilisation abusive ou manipulation politicienne, il y a lieu de souligner avec force l’étonnante présence et pérennité de ce texte – qui devrait figurer dans les programmes d’études des instituts de sciences politiques du pays- tant il contient un extraordinaire projet méthodologique pouvant éclairer valablement toute action politique.
    Que nous dit cette Déclaration visionnaire ? Elle nous apprend que pour toute action politique doit être sous tendue par quatre éléments principaux :
    – des motivations et des ambitions,
    – des buts clairement définis,
    – un programme d’action
    – des moyens conséquents.

    Il est troublant que les deux premiers point tels qu’énoncés dans ce texte sublime de clarté et de concision n’aient pas variés dans leur indispensable analyse de la société et de ses aspirations.
    Pour la question des programmes et moyens, il est évident qu’ils doivent être redéfinis à la lumière d’une appréciations de la conjoncture actuelle.
    Voilà en quoi ce texte d’une richesse rare rédigé par une élite hautement éclairée, continuera, en ce qui me concerne, à susciter un intérêt tout particulier.

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