«DU SOCIALISME SPÉCIFIQUE A LA DÉMOCRATIE SPÉCIFIQUE»

«Ne crains pas l’érudit, il est toujours modeste, humble et réservé ; ne crains pas l’illettré, il est toujours respectueux du savoir, réceptif et soumis ; mais crains l’instruit à moitié, il cherche toujours à paraître mieux que l’érudit et à humilier l’illettré »
Cet adage est en train de s’imposer comme moyen unique de gouvernance et de gestion.
A force que les présidentielles approchent, les initiatives se multiplient, les opportunismes s’accentuent, les larbins s’activent et les drones humains réagissent.
Si les forces déjà au pouvoir s’efforcent de se convaincre de l’inévitable 4ème mandat, cela est tout a fait logique et légitime et cela se fait dans n’importe quel Pays du monde où chaque Parti au pouvoir cherche à s’y maintenir. Que ce soit SELLAL qui était Directeur de campagne avant d’être nommé plusieurs fois Ministre, ensuite Premier Ministre;  ou BENSALAH, Président du Sénat, où même A. BENYOUNES, qui doit son poste de Ministre à son soutien du 3ème mandat, tous sont unanimes pour le 4ème Mandat. M. BENSALAH ira jusqu’à contester le parrainage du Président revendiqué par une partie du FLN, estimant qu’il est trop grand pour représenter un seul Parti.
Du côté de «l’opposition» on assiste comme d’habitude à deux démarches habituelles et spécifiques à notre Pays. D’abord, des «candidats» qui annoncent leur volonté de briguer la plus haute marche du podium, mais sans assises, ni programme, ni parfois «expérience» politique. Il y a d’abord, la surprise du binational inconnu et dont je n’ai même pas pu retenir le nom, qui de l’étranger annonce sa candidature, comme s’il s’agissait, d’un club de football de division inférieure à acheter ; ensuite, c’est Yasmina KHADRA alias MOULESHOUL qui croit que sa renommée – incontestable par ailleurs – dans le monde littéraire, alliée à son titre de «concepteur de la stratégie de lutte contre le terrorisme à l’ouest» suffisent à faire de lui un Président, oubliant qu’il s’il est érudit sur le plan littéraire, il est à moitié instruit sur le plan politique.
La seconde démarche réside dans le recours à ce qui est appelé chez nous et qui n’existe nulle part ailleurs, les «comités de soutien» Il suffit que quelques opportunistes de Tatouine-Les-Bains, se regroupent pour décider de constituer un comité de soutien pour appeler un candidat à se présenter aux élections. La résolution est standard : «Le comité de soutien au frère Benflen réunis en Assemblée Générale, décide à l’unanimité plus une voix, de soutenir le candidat. A cet effet, le Comité appelle le frère Benflen à présenter sa candidature » La mode cette fois-ci, est que les comités de soutien se déclarent d’abord à l’Étranger. Le premier s’est fait à partir du Canada, le second de Belgique.
Dans les années 60-70 on nous a saoulé avec le «Socialisme spécifique» L’Algérie appliquait un socialisme différent de celui de l’URSS, Cuba, Yougoslavie, Bulgarie etc…. Le Socialisme Algérien tenait compte des spécificités et de la culture nationale. Ainsi, la révolution agraire n’a pas mis en place des Kolkhozes, mais des Domaines autogérés, ensuite des Villages agricoles (la nuance est de taille !) Il n’y avait pas communauté, mais collectivisme. Il n’y avait pas de goulag, mais Reggane et Bordj Baji Mokhtar. Au niveau des Sociétés Nationales, il n’y avait pas de commissaires politiques, mais des Cellules du Parti unique qui dirigeaient de fait l’usine.
Il devient patent que suite aux évènements d’octobre 88, l’ouverture démocratique imposée ne pouvait que se diriger vers une « démocratie spécifique » Une démocratie qui tienne compte des « spécificités algériennes».
Ainsi, notre culture tribale et de zaouias ne pouvant se transformer en partis structurés, il est clair qu’il appartient justement aux tribus et zaouias d’animer la vie politique. Ainsi, donc, à chaque échéance électorale, on assiste à l’occupation du terrain par les tribus et zaouias appuyées par les inévitables «comités de soutien» pour assurer un semblant de démocratie, alors qu’en réalité il s’agit beaucoup plus de pouvoir à partager et de rentes à distribuer. Quant aux programmes, projets de société, vous avez intérêt à repasser. En attendant, les «instruits à moitié» continuent à sévir.

djillali@bel-abbes.info

5 thoughts on “«DU SOCIALISME SPÉCIFIQUE A LA DÉMOCRATIE SPÉCIFIQUE»

  1. Eh bien; il faut dire que c’est une équation à deux inconnues…..!!!! C’est plutôt, le peuple algérien et ses dirigeants qui sont spécifiques…!!!! Une petite nuance mais de taille….!!!!

  2. Monsieur DJILALI C vous avez parfaitement analysé la situation du pays avec cette chronique allant du socialisme à la démocratie en ALGERIE le mot spécifique a été bien pensé et bien choisi quant à l’autre mot choisi par un lecteur qui se croit sur RTL du temps de Bellemare avec ses HISTOIRES [ c’est arrivé un jour ] vu qu’il parle d’un livre ouvert j’aimerai bien qu’il nous explique ce que c’est une démocratie spéculative ?

  3. Si l’Algérie était socialiste sous le parti unique ,spécifique ou pas d’ailleurs,elle est quoi actuellement ? Cette question mérite d’être posée pour appréhender au mieux le comportement des partis politiques fantoches ,nés de l’ouverture démocratique voulue et décrétée par le partie unique et animée par les événements d’octobre 88.Cela parait aberrant aux yeux des novices qui s’étonnent de l’absence de changement palpable sur le terrain ,qui pourrait métamorphoser leurs conditions sociales.Le FLN et ses enfants (partis ) de service ont compris que pour appâter ce peuple,il suffit de les munir de” soupapes ” de sécurité en les autorisant à quelques excès d’ordre social ,économique et culturel et le tour est joué.Quelques récalcitrants au système ,après avoir goûté aux délices de celui-ci et ne sachant contenir leurs ambitions ,se sont vite éjectés de la sphère du pouvoir et invitent ,de ce fait,le pauvre peuple à les replacer sur orbite.Ils n’ont- ni l’étoffe ,ni l’envergure de diriger un pays comme l’Algérie dont les préoccupations ne sont ni économiques ou sociales ,ni même culturelles, mais d’ordre sécuritaire et hégémonique.C’est pourquoi,passer d’un système maîtrisé à un autre aléatoire sans assises réelles et une prise de conscience de cette jeunesse ,préoccupée par l’aspect matériel ou revendiquant son patriotisme que lors des matchs de foot-ball,doit pousser les prétentieux à plus de mesure dans leur analyse ,la chose n’est pas aussi facile qu’on ne le pense.

    1. Je demeure convaincu que cette nation enfantera des hommes et des femmes qui porteront haut et fort les idéaux de Novembre 54. L’échec des générations qui se sont succédés depuis 1962 pour bâtir un état conforme aux aspirations des Chouhadas rabi yarham’houm , n’est pas une fatalité. Dok yji jil fih el khir !

  4. Sallamou alaykum M. Djillali
    Vous parlez [relatez] comme un livre ouvert sur ce sujet.
    J’y adhère à 100% sauf pour le titre, j’aurais davantage apprécié « democratie speculative. »
    Sallamou alaykum

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