Quelqu’un me racontait qu’au cours d’un séjour à Londres, il y eut l’opportunité d’être invité à un restaurant Chinois, par le fils d’un milliardaire Algérien. Ce restaurant situé dans un quartier des plus huppés de la capitale du Royaume de la Perfide Albion, sert le plat à 500 euros. Le chef de rang qui les accueillit apprit au cours de la «mise à table» qu’ils étaient Algériens. « Ah ! Vous êtes sûrement de SONATRACH ? »   C’étaient les seuls clients Algériens qu’il recevait.

Les scandales qui se succèdent dans cette entreprise-budget des Algériens, mettent très mal à l’aise l’ensemble de la classe politique et notamment le Pouvoir, parce que révélés par la presse étrangère suite aux différentes investigations des services de sécurité de leurs Pays.

Quand les scandales sont révélés par la presse nationale, malgré l’ampleur, on finit toujours par les enterrer sans suite, par un silence et un «dos rond» à rendre débile. Mais, voilà, quand c’est la presse étrangère, il y a danger. Les pressions, les réactions des différentes ONG, les commissions rogatoires sont de nature à déstabiliser le système rentier.

L’ampleur sans précédent que sont  en train de prendre ces  scandales  ont contraint le Président à réagir à l’occasion  – ironie du sort – du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de l’UGTA.  «Je fais confiance à la justice du Pays pour aller jusqu’au bout et sanctionner les auteurs» S’agit-il d’un quitus délivré à la justice, en même temps qu’un message adressé aux personnes qui lui sont proches les informant qu’ils ne peuvent en aucun cas compter sur son soutien, ou simple « poudre aux yeux » destinée à endormir citoyens et étrangers ? L’avenir nous enseignera. En tout état de cause, il est clair qu’il ne s’agit ici que de la partie visible de l’iceberg, car, si les cas d’ENI et SAIPEM les Italiennes et Lavalin la Canadienne sont mis en jour, cela suppose qu’une multitude d’autres cas ont eu lieu. Et pas au niveau de SONATRACH exclusivement. Il y eut Le Métro d’Alger, l’autoroute Est-Ouest, où les Chinois sont connus par leur propension au recours à la corruption, mais là rien à craindre, car dans ce Pays,  elle est tout aussi  institutionnalisée qu’en Algérie, sinon plus.

Mais le drame dans ces histoires redondantes, c’est la mise en évidence de l’existence de prédateurs qui, profitant de parents dans la sphère du Pouvoir, se constituent en lobbies de pression par le recours à la création de Sociétés écrans, permettant de profiter au maximum de la manne pétrolière. Servant de prête-noms à leurs véritables commanditaires, ils ratissent large en engrangeant de bénéfices mirobolants, qui sont réintroduits dans le circuit de la finance internationale, grâce à des subterfuges transitant par plusieurs sociétés appartenant souvent aux mêmes personnes.

La corruption et son corollaire, la « triche » se sont érigées en Culture nationale. Ne sommes-nous pas tombé dans l’incroyable manifestation d’admiration devant quelqu’un qui a réussi un superbe coup d’escroquerie, et qui se pavane comme le coq de la basse-cour ! Il n’est pas cet escroc qui doit avoir honte, mais un héros ! Voilà la culture dans laquelle, le système a désormais moulé l’Algérien d’aujourd’hui. Celui qui refuse de rembourser un crédit ANSEG, n’est pas un voleur à condamner, mais un homme intelligent qui a su faire fortune aisément. Il est inscrit dans le registre des notables de la ville et ne se gêne point de pointer au Pèlerinage, à une Omra annuelle et d’occuper la première rangée de la Mosquée.

Les adeptes de la corruption et la triche ont même constitué le corps privilégiés des têtes de listes des élections locales, parlementaires et sénatoriales.  Belkhadem pour se maintenir à tenter de mobiliser ces affairistes autour de lui. Saïdani, pour prendre sa place est en train de faire la même chose.

Le monde politique du Pays est désormais pris en otage par cette maffia d’arrivistes devenue tellement puissante que même Ouyahia a reconnu que l’Etat n’a pas les moyens de l’attaquer frontalement.  Elle a investi l’ensemble des centres décisionnels stratégiques tant sur le plan politique qu’économique.

C’est ce qui explique cette recrudescence de corruption, qui n’en n’est plus une, mais carrément une expropriation. Car en fait, de quel pouvoir décisionnel,  dispose le gamin de Bedjaoui, le neveu de l’autre, pour pouvoir influer sur les décisions d’attribution des juteux marchés du Géant du pétrole national ?  Pratiquement aucun. Il a été mis là pour servir de prête-nom,  en se sucrant bien évidemment au passage, pour le clan d’influence qui a décidé depuis longtemps de s’approprier les richesses nationales. Ce clan qui recycle l’argent de la fraude dans l’import-import, va plus loin dans son crime, puisque pour sauvegarder son créneau, bloque tout investissement productif pouvant générer une difficulté d’importer un produit désormais fabriqué en Algérie. C’est ainsi que l’on détruit délibérément le Pays.

Alors,  quand  la Chère Louiza affirme que les «Temmar, Benachenhou et Khelil  ont été imposés à l’Algérie », remettant encore une fois sur la table, la fameuse et intrigante main de l’étranger, qu’un autre chef de parti crie à la haute trahison, la diversion est ainsi faite. J’ai envie de pleurer. De pleurer mon Pays.

Quand j’entends le PDG de SONATRACH répliquer qu’il ne s’agit là que  «d’agissements individuels»  je frôle l’apoplexie.

Le neveu du Député bénéficie d’un lot de terrain ; la nièce du Ministre d’un emploi titulaire dans l’enseignement, le neveu d’un autre Ministre s’approprie la gestion des contrats de SONATRACH…

Heureusement, je ne suis que le neveu d’un Fellah. De surcroît tombé lui aussi au Champ d’Honneur. Cela me soulage énormément.

djillali@bel-abbes.info