«CE DEBAT QUI N’A AUCUNE RAISON D’AVOIR LIEU!» (1)

 «A quelques uns de  Ses Apôtres qui lui demandaient s’il fallait lapider une femme prise en flagrant délit d’adultère, Sidna Aïssa répondit : « Oui, il faut la lapider, mais que celui qui n’a jamais péché, lance la première pierre»

Parmi les débats que je ne souhaite jamais aborder, figurent ceux qui s’articulent autour des convictions intimes, qui relèvent de la prédominance du «Surmoi » sur le «Moi» et le «Ça».  Freud affirme, je crois, que l’équilibre entre ces trois composantes, assure une personnalité saine chez l’individu.

Alors, tenter un débat – comme cela se passe souvent au niveau de BAI – sur un sujet ayant pour objet la conviction intime chez l’individu, qui n’a besoin d’aucune preuve, ni raisonnement logique pour étayer sa croyance, serait pure utopie et mènerait inéluctablement à la confrontation.

Alors que l’un pourrait mener son raisonnement sur la base d’hypothèses étayées en toute logique et preuves matérielles et/ou historiques, l’autre le renvoie à l’antithèse qui est La  «Vérité Absolue » pour tout le monde. Le premier se sentirait alors, visé par le fait d’être accusé de ne pas adhérer à la «Vérité Absolue», alors qu’il s’en revendique véhémentement. On en réduit alors l’auguste débat à des  «leçons à donner»  ou   «des leçons à recevoir».

Tels sont les débats auxquels on assiste souvent  et qui gravitent particulièrement  autour du thème de la Religion.

Le débat devient  plus biaisé quand il se déroule, de surcroît, entre Musulmans et l’on se retrouve alors  à se référer au Saint Coran et à La Sunna, pour étayer des propos qui sont déjà assimilés et revendiqués par le ou les interlocuteur(s).

L’Islam est la seule Religion qui a proscrit l’intermédiaire entre Le Créateur et Sa Créature, à l’inverse du Pape pour le Christianisme, le Rabbin pour le Judaïsme et même l’Ayatollah pour le Chi’isme. L’Imam Malik (93-179/712-795) s’est vu interpeller par ses disciples qui lui demandaient pourquoi, tant dans ses écrits que ses cours, il n’utilisait pas les termes «Halal» (licite) et «Haram» (illicite) Il répondit : «Qui suis-je, pour le faire ? Seul Le Tout Puissant a ce Pouvoir!». Restons encore avec l’Imam Malik. On rapporte ceci : «Sur 48 questions qui lui ont été posées, nous l’avons entendu répondre sur 32 parmi elles (soit 75% !) : «je ne sais pas”. Le Prophète a pourtant prédit que la science serait un jour détenue par Alem Al Madina.

Quand cette Tradition fut authentifiée, L’Imam Abd Rahmane Al Aouza’i (الأوزاعي) (88 -157/ 707-773) a désigné ce « Alem » par notre grand Imam. Seules une élévation d’esprit,   une connaissance parfaite du Message divin et de la Sunna et une maîtrise de l’esprit et non de la lettre uniquement,  lui dictaient cette réponse. Et le monde s’est extasié sur la fameuse réplique de Platon le sage quand il dit : «La seule chose que je sais avec certitude, c’est que je ne sais rien» réplique dont il faut bien garder en vue l’humilité. L’Imam Ahmed Ibnou Hanbal, auteur du monumental «El Mousnid» n’a jamais répondu, séance tenante, à une Fetwa. Il différait toujours sa réponse pour le lendemain. Plus près de nous et de Sidi-Bel-Abbès, le Cheïkh Bouras de Mascara (1737-1823), au soir de sa vie, quittait son école par une porte dérobée  quand il sentait que des gens s’avançaient vers lui pour lui soumettre une Fetwa. Alors ses disciples le suppléaient.

Des chroniques entières seraient insuffisantes pour étaler la liste des sciences que ses hommes ont étudiées. De nos jours, on assiste à des Fetwas lancées tous azimuts par le premier venu. «Les moins dévots (étant) ceux qui parlent le plus de Dieu», on se retrouve comme par enchantement exégète émérite interprétant hadiths et versets du Coran, avec une aisance faisant pâlir les Ulémas attitrés.

Ce qui peine pourtant,  c’est la virulence de certains qui se sentent seuls dépositaires de la Vérité oubliant ou ignorant ce hadith :

إٍياكُمْ والغُلُوٍ في الدين فإنما هلك مَنْ قبلَكُم بالغلو في الدين “

«Prenez garde aux abus en religion  parce qu’avant vous ont  péri, de  vos  prédécesseurs, par l’abus en religion

La «renaissance» de l’Islam dans le Monde, la peur d’un nouvel Empire ne laissent pas inactifs ses ennemis légendaires. C’est pourquoi, l’on assiste à des manipulations nées depuis les années 80 à l’aune de la fatale confrontation entre les blocs Est et Ouest, prenant comme laboratoire d’analyses, la terre d’Afghanistan. C’est là que la CIA, profitant de l’audience prise par la confrérie des Frères Musulmans d’El Benna, se proposa de  ressusciter la légendaire armée de Hassan Sabbah, le chef de la «secte des Assassins» qui avait sévi durant le 11ème Siècle dans l’empire Perse.  Son fanatisme ira jusqu’à décréter la fin du Monde et autoriser ses adeptes à jouir des plaisirs de la vie.

Ainsi, renfloués par les caisses généreuses des monarchies du Golfe et notamment l’Arabie Saoudite relayée plus tard par la SPA Qatar, ses armées se déployèrent après l’Afghanistan,  dans l’ensemble du Monde Musulman, par une internationalisation qu’il fallait –si cela était vraiment nécessaire – qu’elle le fît dans le monde plutôt «impie».  Le résultat parle de lui-même. La fitna et le chaos dans presque l’ensemble des Pays arabo Musulmans.

Quand on offre la possibilité à des personnes et groupes de personnes à utiliser la Religion Sacrée à des fins de ce «bas monde »  on aboutit inéluctablement à la désuétude. Utiliser la Religion comme Fonds de Commerce de prise de Pouvoir , ou juste pour paraître plus Musulman que les autres, en exploitant la Croyance et la Foi des Peuples est le pire des péchés. «L’hypocrisie en religion est pire que l’impiété»  alors que  notre Religion, dans ses fondements,  consacre «l’être» sur le «paraître». Chaque jour que Dieu fait, on le passe à  étaler avec ésotérisme, notre «savoir» sur la religion, sommant le reste du Peuple à se  soumettre à notre thèse, frisant dangereusement l’exhibitionnisme.

Cette situation est à l’origine de l’état actuel de nombreux Pays ayant subi ce qui est pompeusement appelé «printemps arabes,» où la lutte pour la tutelle sur la Religion est l’objet essentiel, dans des Pays fondamentalement et  totalement  Musulmans.

Quid du débat ?  Un «imanomètre» (2), serait alors  indispensable !  Étant dans le cas contraire, je préfère m’abstenir. Alors de grâce! Trêve de «débat», trêve d’appropriation de la Religion. Laissez-nous adorer notre Seigneur, comme Il nous a demandé de le faire! Et quand le besoin se fait sentir, on n’aura pas  la prétention d’interpréter le Saint Coran ni les Hadiths et les étaler  au débat, mais on s’adressera aux Ulémas.

djillali@bel-abbes.info

(1)    Cette chronique n’aurait pas pu être  rédigée sans  l’énorme et  précieuse aide de   Mohamed Senni et notamment pour les références religieuses et historiques. Qu’il en soit remercié.

(2)     Imanomètre : terme désignant l’Appareil  fictif servant à mesurer l’iman (la Foi)  «  créé » par   Mohamed Senni. 

One thought on “«CE DEBAT QUI N’A AUCUNE RAISON D’AVOIR LIEU!» (1)

  1. Sallamou Alaykum
    Les « bonnes manières et les bons offices », quand ils sont SINCERES, sont toujours bienvenus. Les déployer sous des propos de Paul et/ou Lucas, ou Mathieu « attribué » à Aissa (sas), le tout sous une approche freudienne donne un avant goût du déjà consommé.

    Et c’est ainsi que par «mégarde», vous classez en second « La Vérité Absolu » que je considère Divine, donc primordiale et que vous définissez sémantiquement comme ANTI THESE, et lui opposez de prime à bord, l’HYPOTHESE humaine, étayée en toute logique et preuves matérielles et/ou historiques. Ce qui vous conduit à subordonner le Constant, LA VERITE ABSOLU (thabette), à l’approbation de Freud. A la pensée humaine et son désir, son Moi, son Sur/Moi et son Le Ça.
    Au lieu de dire : Cf. sourat El Meida n°5 V.7 : ainsi reformulée « ≈ Et rappelez-vous les bienfaits d’Allah sur vous, ainsi que son contrat conclu avec vous ; Quand vous avez dit: «Nous avons entendu et nous avons obéi». Et prenez garde avec Allah. Car Allah a accès au le contenu des cœurs.»
    C’est cette approche et alchimie qui mené certains illustres penseurs, au CV scientifiques indiscutables à l’athéisme, parce ils voulaient approcher ce que leur CV ne permettait pas.
    Vous affirmez et reprochez aux moins dévots de parler le plus de Dieu, alors que c’est le contraire qui vrai : (« Nassou Allaha, Fa ansahum Enfussahum »!) C’est étayé non !
    Vous nous accusez d’excès de religion, citez un excès si vous êtes véridique !
    Nous n’avons jamais discuté ni remis en cause l’intimité de quiconque.
    Le fait de ressasser sans cesse une approche fallacieuse de la conviction religieuse, issue d’une vision laique dans le but de séparer l’homme de sa foi qui doit être permanente; et à l’effet de le diriger à souhait avec ses lois, tantôt croyant, tantôt athée. (cf. les lois en France)
    La religion n’est pas un secret, sinon comment départager entre les hommes ?
    Comment reconnaître un Muslim d’un non Muslim ? Il existe toujours des bons et des mauvais de par le monde, comment se reconnaître ?
    Nous sommes, et pour ma part, que des musulmans lambda, non des prof. théolog, ni mufti.
    Les lecteurs savent à qui et à quoi ils ont affaire, et c’est valable pour vous aussi.
    Nous ne faisons que citer certaines « Vérités Absolues » aux lecteurs, ce qui vous a toujours dérangé, face aux dérives et appels à la mécréance et la diabolisation lancés par certains auteurs, que vous passez sous silence. Pourquoi ?
    Ne nous traitez pas de coupables, nous sommes muslimin, ou est-ce le délit ?
    Pourquoi, vous ne vous adressez pas à ceux qui appellent aux polythéismes, à la laicité, à juguler l’Islam qui poserai problème? Ou etes vous parti prenante de cet appel ?

    Vous affirmez : « Le débat devient plus biaisé quand il se déroule, de surcroît, entre Musulmans et l’on se retrouve alors à se référer au Saint Coran et à La Sunna, pour étayer des propos qui sont déjà assimilés et revendiqués par le ou les interlocuteurs »
    Nous prenons acte que le débat se déroule entre musulmans et que le Qoran et Sunna sont déjà assimilés. Cependant force est de constater, qu’au vu des écrits de certains auteurs, ce n’est pas souvent le cas, d’où ce débat.

    Voyez vous, vous qui citez, pour la circonstance, les : Abd Rahmane Al Aouza’i, L’Imam Malek, L’Imam Salaf, Ahmed Ibnou Hanbal, ces célèbres et grands penseurs et fokkaha, alors qu’ici même, vous avez exhortez votre aversion envers les NOMS des compagnons du Prophète (sas), portant le nom des rue de Votre ville, les jugeant acadabrantesques, au profit de nom de Communistes et Trotskistes du type M. R. Justrabo, M. Marchanda entre autre.
    Extrait de votre chronique du jeudi du 24062012, sur les compagnons du Prophète (sas) :
    « Comment expliquer que leurs noms soient donnés à des rues du centre-ville de Sidi-Bel-Abbès, ALORS QU’AUCUN ELEMENT ne les lie à cette ville ? Qu’on donne leurs noms à des rues dans leurs villes d’origine cela aurait pu passer pour être abattus froidement pendant la guerre d’Algérie et de surcroît à la veille du cessez-le-feu, mais pourquoi à Sidi-Bel-Abbès ? Ceci montre combien aucune démarche cohérente n’est dictée pour baptiser les rues et les édifices. Il n’y a qu’à voir, les noms attribués aux rues des cités « CPR », «Bab Daya» et « El Madina El Mounaouara » par l’APC FIS et vous vous trouverez avec des noms abracadabrants. Celui qui a fui Sidi-Bel-Abbès parce menacé par les partisans de l’Algérie Française, celui qui a été Maire de Sidi-Bel-Abbès de 1948 à 1953, celui qui se trouve au crépuscule de la vie, souffrant et malentendant : René JUSTRABO. Ce ne serait que justice! » (fin de l’extrait)
    Ceci étant, permettez nous Monsieur d’avoir notre idée !
    Nous voudrions bien y croire Monsieur, mais Vous n’y êtes pas.

    J’ai lu à l’occasion du 3em anniversaire de BAI : « Depuis ce 9 Mars 2010, où deux personnes eurent l’idée de basculer le blog « bel-abbes.info » créé en septembre 2009 vers un journal d’info pour la Ville de Sidi-Bel-Abbès, »
    Que viennent faire dernièrement, ces appels contre la religion d’Allah et la diabolisation de tout ce qui a trait au Muslim dans un journal d’infos locale ?
    Enfin, j’ai lu sur ce cite que votre honorable père est un Chahid (Rahimaho Allah), et estime que par respect pour l’ensemble des chouhadas, il nous appartient à nous tous, de concrétiser fidèlement le projet de Nov/54.

    Dans la Sourat El Hujurate n° 49. V.15-16-17, Allah dit (à l’adresse des compagnons du Mohammad (sas), ainsi reformulée :
    « ≈ Les vrais croyants sont seulement ceux qui croient en Allah et en Son messager, qui ne doutent point par la suite, et luttent dans La voie d’Allah avec leurs biens et leurs personnes. Ceux-là sont les véridiques. § Dis: «Est-ce vous qui apprendrez à Allah votre religion ? Alors qu’Allah sait tout ce qui est dans les cieux et sur la terre?» Et Allah est Omniscient. § Ils te rappellent leur conversion à l’Islam comme si c’était une faveur de leur part. Dis: «Ne me rappelez pas votre conversion à l’Islam comme une faveur. C’est tout au contraire une faveur dont Allah vous a comblés en vous dirigeant vers la foi, si toutefois vous êtes véridiques». § »
    Sallamou Alaykum

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