LA PETITE FILLE MOUJAHIDA S’APPELLE KADRA !

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 « Kadra la Benisafienne  voulait être libre dans sa dignité, elle avait préféré la lutte  dans sa pauvreté,  à la richesse dans la servitude » Benallal

 C’est une  vraie belle histoire pathétique  romancée, c’était au temps de la guerre de la révolution ,  une grande femme  nommée Halima Mankouri née Fekhi le 31 janvier 1900 à Benisaf, Cette femme faite  dont le courage et l’abnégation  lui  ont  implémenté l’image d’une très  grande Dame, digne de  tous les respects humains .Elle était une grande  maman de 11 petits  enfants  et c’était  en 1943  qu’elle était devenue veuve,  mais  son grand  soucis  était  celui de bien  et comment élever les 11 petits mômes face à une situation  plus que  misérable .

La seule et unique méditation qu’elle  avait devant ce fait accompli, c’est de conjuguer tous les  efforts pour prendre plusieurs  rôles  de la vie en l’occurrence celui du père avec l’assistance du bon Dieu. Elle habitait en rase campagne au milieu d’une pinède de sapins d’Alep  ,  elle avait hérité  un petit lopin de terre,  qu’elle a su ménager  en une  culture ménagère  afin de pouvoir nourrir avant toute chose ses petits-enfants  et le surplus dégagé, elle l’échangeait au souk du village pour une poignée de sous  lui permettant  d’acheter des lapins et des poules  afin de créer une petite basse-cour et  petit à petit l’oiseau fait son nid et Halima arrive de  transfigurer sa petite maisonnette et son entourage en une petite ferme  ou les produits maraichers , la viande blanche ,les œufs et les fruits sont disponibles et lui permettre de vendre le surplus  dégagé.   Ses enfants ont grandit  et déjà deux de ses fils (Kouider et Ali) les ainées  ont pu se marié. La toute petite fille s’appelle le Kadra, une fille qui sort de l’ordinaire  elle vient d’obtenir son certificat d’étude primaire  c’était en 1956 elle n’avait que 11ans.

 Pendant ce temps-là, la situation sécuritaire de la région  commençait à se dégrader durement et les patrouilles de l’armée Française  faisaient souvent des détours  désagréables dans la petite ferme de Halima. Entre temps les soldats de l’ALN venait très souvent pour se sustenter d’une part et de préparer des refuges  et des relais de communication. La toute petite Kadra , arrivant de l’école Ex Leo-Lagrange( Ibn Sina) loin de plus de 4Km, par ailleurs , la situation au niveau de notre maison était en plein « festivation », c’était la première fois que j’ai pris la  connaissance directe  avec les responsables et  soldats locaux  de l’ALN. Il y avait une dizaine de personnes : Omar Chahbouni-Kadour-Si Kada de Oulhaca- Si Boucif etc.….

Des consignes fermes  nous en été formulées, extermination de tous les   chiens des parages  de façon à ne pas alerter les soldats français par leurs aboiements lors de notre arrivage nocturne dans ces lieux dits. La ferme  est située dans un endroit idéal, au bord de la falaise et en face de la mer, cernée par une pinède de sapins d’Alep, la ferme est localisée sur le côté Est de Benisaf.

La situation de notre ferme permettait aux soldats de l’ALN de  prescrire ce lieu   et d’installer en tant que  siège  ou camp de transit et de refuge pour les éléments de la résistance .Une stratégie a été mis en œuvre pour mettre en plage également  des cachettes souterraines et créer un réseau de communication  pour d’éventuelles opérations d’attaques.

Kadra fille de Halima   , en  revenant de l’école par une  fin d’après-midi, elle  constata presque beaucoup de  monde dans  la maison, c’était des soldats de l’ALN et des responsables du FLN,  enfin des Moudjahidines qui venaient chez Halima  pour mettre en œuvre leur stratégie de bataille.

Toute petite Kadra devrait  par ordonnance des moudjahidine  quitter  définitivement l’école  afin d’outrepasser tout soupçon  et ils l’ ont engagée pour une toute première  mission de renseignement et de messagerie. Kadra  faisait le facteur de l’ALN,  elle  ramenait du courrier aux familles nécessiteuses dont le père, le frère ou la fille se trouve engagée dans l’ALN, souvent Kadra  était obligée de ramener femmes et enfants à la ferme dans le but de de les faire rendre visite à leurs proches  engagés dans l’ALN et recherchés par l’armée française.

Parfois Kadra ramenait le couffin de la boustifaille préparé par sa mère Halima,  la peur au ventre, de peur d’être arrêté par les patrouilles de l’armée Française ; mais  l’ordre d’exécuter  la noble  mission était plus important que la peur et le choix ne se poser même pas pour la petite Kadra.

 La ferme ou lieudit  est devenu un lieu de repos, de restauration et de préparation de missions pour les moudjahidines, ses deux frères : Hadj et Boucif montaient la garde sur le parage de la ferme aux moments de la visite des moudjahidines.

 En 1956 ; une femme du village nommée « RABIA »  épouse de Boucif Belhadj moudjahid et   bien connu ; sa femme devenue enceinte, elle a été dénoncée aux soldats français, par son voisinage comme quoi son mari venait souvent à la maison lui rendre visite, Rabia a été  par ce fait emprisonnée par l’armée Française  pour le seul  motif de ne pas  avoir signalé la venue de son mari, elle a été torturée.

Pendant cette période, la ferme était devenue un grand chantier, des cachettes ont été creusées et préparées pour toute action de  se soustraire de la vue des premiers venus en l’occurrence les soldats de l’armée  française.

 En plus de la préparation  des grottes (cachettes), un long sous terrain  fut construit il avait  a pris plus d’un mois de travail dur   et qui va jusqu’à la mer ; se sont les frères de Kadar qui faisaient le travail  sans répit jour et nuit. Le frère Bouziane dit « l’Indochine » parce qu’il avait été engagé pendant la deuxième guerre mondiale pour aller à la guerre d’Indochine. Pendant ce temps-là, « l’Indochine » avait une mission, celle  d’apprendre aux djounouds le métier et les techniques d’un soldat. Entre temps  non loin de la ferme, il y avait la ferme de « Raymond », un nommé Djamai Ould Adda  travaillait et se logeait en même temps  dans cette dite ferme de « Raymond » . Il a été demandé à Djamai  par ordre des moudjahidines de quitter la ferme car il a été envisagé de l’incendier (opération destruction des fermes). Entretemps  Benameur ould Benyaghmour voulant  s’engager  à l’ALN, il lui a été confier de faire une opération éclaire, on lui avait remis une bombe, qu’il avait fait explosé sur sa voisine « Fina » la femme d’un « Kabrero »( berger) sise  rue Pierre Marie Curie du quartier de Sidi Boucif.

  Début1958, les responsables des moudjahidines ont ordonné  une nouvelle mission celle de  remettre des armes  a une autre fraction de l’ALN qui se trouvait à « skouna » lieu où se trouve  la plus haute montagne de Benisaf, elle se trouve à plus de 5km de « Fontaguerra » lieu de ferme  de Halima , la quantité d’armes, de pistolets, une bombe et des mitraillettes dans le font  des sacoches accrochés aux bats de l’âne,  en dessus couvert  de légumes,  du blé…. Pour mieux tromper l’ennemi. La cargaison a été transporté dans les sacoches ( Al Chouari  accrochés aux bat de l’âne) ; il y avait Halima et sa fille Kadra pour effacer tout soupçon de manigance , arrivé au quartier de Benikhaled tout prés de Skouna une patrouille de l’armée les ont interceptées, pendant tout le trajet   Halima ne faisait que lire à voix basse des versés de Coran pour éviter tout malheur, les soldats ont quand même procédé à la  fouille  à la vite fait, sinon ça serait la calamité mais la grâce du Bon Dieu les a sauvé.  Enfin  la mission fut accomplie  miraculeusement, cette cargaison était remise à qui de droit, une équipe qui préparait déjà   une bataille  prés de souna.

Par ailleurs la mission que les moudjahidines confié à Kadra , encore  gamine était de distribuer à qui de droit  des enveloppes contenant de l’argent pour le bien des familles dont  leur proche est soit tué, soit emprisonné par l’armée française, les messages importants  fut aussi  ramener par Kadra à leur destination préétablie.

 Devant cet état de fait beaucoup de témoignage de goumis venait pour  nous dénoncer  et la seule action envisagée par l’armée française était de détruire par une armada de chars carrément notre ferme qui se trouvait  au milieu  la ferme  cernée par une belle  pinède de  pin d’Alep coin appelé « Fontagera ».Tout a été  détruit, tout ce que la grande Dame Halima avait entrepris depuis la mort de son époux  pour faire vivre ses enfants, il était difficile de trouver un lieu de refuge, la vie de Halima  était devenue insupportable tout ce qui existait  autour d’elle lui paraissait  comme si le monde le suffoqué. Heureusement l’un de ses proches le nommé  Hadj Boudjema sous la consigne  des moudjahidines lui avait permis de lui  offrir pour un laps de temps  une toute petite pièce qui devait contenir une famille nombreuse.

Devant  une telle situation calamiteuse , il s’en est suivi, des dénonciations gratuites auprès des responsables de l’armée française ,  et c’était  par un beau matin que le Bon Dieu avait fait, une mauvaise femme une « goumiere » ou plutôt « harkia » cagoulée et en tenue militaire, elle avait avoué aux soldats français que c’était les enfants de la fameuse Halima recherchée, c’est à ce moment-là qu’une patrouille de soldats français l’ on dénichait sur la route de Sidi Boucif  sentier allant  vers le cimetière des chrétiens .Elle a été embarquée  , et mise à la disposition du  2ieme bureau sise   la plage du puits , ou elle a été torturée  à mort  pendant plusieurs mois  sans jamais avoir  dénoncer qui que ce soit  ses doigts et orteils ont été amputés par une pince, chaque jour elle passait sur la table de la torture pour être  cravacher  avec du  fil de fer , elle a été brulée et électrocutée sans jamais dire un mot , c’était une grand dame.

 Sa fille  Kadra était très jeune et ayant peur  d’être aussi poursuivie elle s’est réfugiée chez ma famille à Oran de  peur  que la  femme « goumia » qui l’ avait  dénoncée à plusieurs reprises sans pour autant l’avoir et par conséquent Kadra  été tout le temps  recherchée pour l’interrogatoire.

 Pendant ce temps-là sa mère Halima  était transférée à Rio de Salado ( Mallah)puis transférée à l’ hôpital d’Ain Temouchent ou ses enfants ont pu  la voir pour un bout de temps et de la Halima a disparu pour toujours l’armée française l’ avait récupère pour une toute dernière fois  , c’est par le biais de l’état civil que la famille de Halima  avait eu la mauvaise nouvelle de sa mort.

 Kadra, orpheline de père et de mère tout leur patrimoine  historique et personnel  ne leur a été jam ais restitué à ce jour  malgré toutes les démarches diligentées auprès de l’administration algérienne, mais l’histoire retiendra le bien fait car ce lieu historique  est à ce jour nommé « le jardin de Halima ».

BENALLAL MOHAMED

*Témoignage de « KADRA » fille de madame Mankouri née fekih HALIM.

* Beni Saf : Source des zélatrices de la Révolution du 1er Novembre 54 El Watan du 01/11/2018 BENALLAL MOHAMED

*  Témoignage de Mankouri Boucif, petit-fils de Mankouri Halima Fekih

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