Les gens de la presse s’attribuent un pouvoir que nule constitution ne reconnaît comme tel. Ce pouvoir de fait, ce pouvoir pris par la force, est un pouvoir d’utilité publique. Il est nécessaire pour que la démocratie soit réelle. Mais il ne faut pas qu’il soit dévoyé et de contre-pouvoir, il devient un super-pouvoir. Il doit, pour son salut, être soumis aux mêmes impératifs qu’il veut imposer aux autres pouvoirs, sinon de démocratique il devient totalitaire et despotique, et de remède il devient le mal qu’il prétend guérir.
Un élan de solidarité accompagne chaque mise en cause d’un journaliste. C’est salutaire et c’est bien, car il y’a là la preuve d’une saine conscience citoyenne. Mais en toute chose l’excès nuit. Et il y’a forcément excès quand la solidarité est sélective et quand elle tend à mettre certains au-dessus de la loi.
Je suspecte l’unanimité. Et j’aime parfois nager à contre-courant. J’aime aussi apporter le contradictoire à l’opinion mainstream. Et une autre façon de voir les choses, un autre angle de vue, ne doivent pas être rejetés d’office, ils peuvent éclairer et mieux serviir la vérité.
Les journalistes sont des humains, très humains, ne l’oublions pas. Parfois ils agissent en propriétaires gérants de sociétés commerciales, ne l’oublions pas non plus. Pour eux le bénéfice n’est jamais relégué au second plan. Et certains vendent leurs âmes au diable, cela on l’a vu souvent.
Charles Péguy, dans » De la raison » nous dit sur ce pouvoir ce qu’on a pas l’habitude d’entendre ou de lire. Je vous livre pour la méditer sa pensée et osez dire qu’elle est fausse:
« Quand un journaliste exerce dans son domaine un gouvernement de fait, quand il a une armée de lecteurs fidèles, quand il entraîne ses lecteurs par la véhémence, l’audace, l’ascendant, moyes militaires, par le talent, moyen vulgaire, par le mensonge, moyen politique, et ainsi quand le journaliste est devenu vraiment une puissance dans l’État, quand il a des lecteurs exactement comme un député a des électeurs, quand un journaliste a une circonscription LECTORALE, souvent beaucoup plus vaste et beaucoup plus solide, il ne peut pas venir ensuite nous jouer le double jeu ; il ne peut pas venir pleurnicher. Dans la grande bataille de puissance de ce monde, il ne peut pas porter des coups redoutable au nom de sa puissance et quand les puissances contraires lui rendent ses coups, dans le même temps il ne peut pas se réclamer de simple citoyen ».
Et de conclure: « Qui renonce à la raison pour l’offensive ne peut se réclamer de la raison pour la défensive. Il y’aurait là déloyauté insupportable, et encore duplicité « .