Très tard dans la nuit , enfoui dans ce petit légendaire Café des sports , au milieu de la déception habituelle et me dire qu’est-ce que le visage crispé, frustré d’un Abassi par l’éternelle attente de retrouver son équipe fanion « El Khadra » , l’union sportive musulmane bel-abésienne , cette équipe FLN au temps de la colonisation , mythe comme les héros grecs , de la voir être plus imposante que le Real ou le Barça mais une question me chiffonne moi qui a grandi dans les cafés, pourquoi porte- t- on le poids et la valeur d’une ville sur onze joueurs qui tapent sur le ballon où c’est là que se déroule nos rêves ou bien vite on secoue les épaules quand le kalouz commence , quand le galal fait bouger que l’on ressent surgir la virilité d’antan et plouf quand ce coup de sang refroidit , l’on se rend compte que bien que possédant le plus énorme potentiel infra structurel de l’Afrique , l’on ne comprend pas pourquoi cette montagne de ressources humaines et matérielles accouche toujours d’une souris. Cela veut dire que l’esprit bél-abésien dort comme un loir et se satisfait ou des Stars qui viennent d’ailleurs quand c’est la musique , on l’a vu quand Khaled est venu ou Mami , on a eu l’air que tous nos artistes sont des amateurs…Quand on sait sabhanallah que M.Senni mohmad notre libraire précieux comme le trésor d’incas ne cesse de m’éblouir quand il m’arrive de le croiser et me dire » Tiens ce grand esprit contient en lui des sommes et des banques de données sur notre histoire locale , nationale et internationale que s’il s’entourait de plusieurs auteurs on aurait nous aussi notre Encyclopédie de Sidi Bel Abbès et puis chose que j’admire chez lui quand il vous observe c’est à se demander s’il vous voit ou ne voit-il que des œuvres à écrire » J’ai pris cet homme du bled à titre d’exemple pour dire que nos lumières sont plongées dans l’obscurité . Je pourrais prendre Beldjillali D., Salim , mon lumineux ami Benkhlouf , Djillali T , Djillali C , Draa Nori ,Abed Manseur , Mokhtar Zouaoui, Maamar Aoued , Mokhtar Hennitet , Mahi Benamar qui au passage est un auteur de théâtre, fils de la Rue des Maures , Hamid Djili , Kader le photographe , Miloud Belkhater , homme de théatre , Ali Othmani le poète du Melhoun et véritable bibliothèque ambulante , de Amina Bouiadjra , une brillante femme de lettres et tant d’autres que j’ai l’honneur de croiser dans nos cafés et nos rues pour dire avec le jargon local Assez de « faire tourner les paroles » , quant à ceux qui sont si haut au delà des nuages , ceux là, on ne peut plus les atteindre leur égocentrisme, nous voient du balcon . Ceux là sont toujours notables et ils ont leur miroir qui les rend si beaux .Il est venu le temps d’oser mettre les points sur les » i «, la culture à Bel abbés et particulièrement les arts a besoin de secouer son tapis, le peuple est mécontent de ses élites, il n’y a qu’à voir et écouter. Messieurs les chercheurs des sciences humaines où êtes-vous ? Demandez le à un taxieur lui qui conduit toutes les couches, il vous dira » Les arts, les gens n’en voit pas à Bel-abbès » La réflexion me surprend tout le temps. Le peuple a du bon sens comme dans l’antiquité Socrate ou Sophocle étaient populaires, pas ceux qui tiennent la lyre ; bien plus la lyre, c’était pour les chanter ou les honorer. La génération de Mustapha Ben Brahim avait honoré leur barde pourtant tous vivaient dans des gourbis. Dans les années 60 un grand de bel abbés avait traité ce cheikh du melhoun tout comme un autre dans les années 2000 de « voyou » et de » collaborateur. Les béni Amer ont pris position avec la « révolution de l’émir qui a l’envergure et la prestance d’un San martin ou d’un » Che » pour l’Amérique latine ou d’un Salahdine et le melhoun est né de cette geste de la Ourouba , héritière tout à la fois de l’Andalousie et des Banu Hillals. Au fait Camus avait du sang andalou , kateb Yacine du sang hilalien en outre le grand père de Kateb Yacine Si Ahmed Ben ghazal était membre des ulémas sous la présidence de notre grand pédagogue Abdelhamid Ben Badis . Ceci pour dire que cette ville a été traversée par d’éminents « mkhakh » tels Jünger, Youcef Wahbi , Sartre , Ibn Khaldoun foulant ce territoire . Oui, la pépinière existe mais on leur enseigne quoi ? Voyez nos jeunes comédiens, certes, ils montent sur scène mais sont-ils formés, non ! Nos poètes lors de récitals, certes ils lisent mais est-ce des poèmes ? Nos musiciens, certes ils se servent d’instrument mais pour quelle musique ? Cela veut dire qu’on doit revenir à ce qui avait existé Le conservatoire de musique et de déclamation avec des professeurs de référence .Il était bien tard , juste avant de quitter le café , j’ai contemplé la grande photo de l’USMBA des années 60 et j’ai souri en pensant à cette réflexion de Pavese » La génération qui finit est un mythe , la génération d’après celle de la démythification mais non nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge . Sous une pluie fine, marchant sur le marbre glissant de la place ex Carnot, je me suis souvenu de Manikita qui de son air d’acteur italien. je me suis dit » Il est né dans la rue, là sous ce kiosque » et il est parti dans la grande indifférence, pauvre mais digne. Il vivait d’expédient, ouvrait son cœur à tous avec son grand rire de quelqu’un de « chabâane » du cœur mais non c’est un pêché capital de non assistance à un artiste en détresse. Alors les notables devraient aussi avoir un regard sur ces artistes qu’on ne « veut pas voir » Seulement j’ai hoché la tête tristement » et j’ai hurlé plus fort » jamais plus çà !…
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