REPORTAGE À L’OUEST: Et si on allait au Maroc?

Le programme était d’aller passer cette journée  de dimanche 17 juin à Marsat Ben M’Hidi  et l’Autoroute Est-Ouest était tout désignée pour le trajet,  par l’ensemble de la famille. Bien que j’étais habitué à la prendre jusqu’à hauteur de la sortie de Tlemcen et Zenata , je n’avais jamais terminé jusqu’à Maghnia . Cette fois , j’avais décidé de terminer jusqu’au branchement avec la RN 7A ou à quelques choses comme ça qui devait me conduire à la plage. Je consultais tous les panneaux signalétiques qui défilaient à ma droite ou au dessus , Maroc et Maghnia restaient les deux seules indications qu’on trouvait tous les 10 km sur les panneaux.Dès que je passais à coté du panneau avec écriture unique indiquant Maroc 13 km, je me suis dis que je devrais être quelques parts entre le branchement de la Rn 7A et la ville de Maghnia et après un certain moment, m’étant positionné sur la bande centrale de l’Autoroute, je n’avais pas constaté que tous les véhicules (ouled bled) serraient à droite pour prendre cette dernière bretelle de l’autoroute Est-Ouest, qui dessert Maghnia, Ghazaouet, donc le fameux branchement tant recherché que j’avais raté du coup. Croyant toujours qu’il existe au moins une sortie qui pouvait nous  mener  à la limite, au poste frontalier  “Zoudj Bghal” et de là, descendre vers Marsat Ben M’hidi et ce, malgré la réticence de mon fils qui m’alerta que j’avais raté la vraie bretelle, la curiosité aidant, j’ai soudain décidé de voir qu’est ce qu’il y avait au bout de cette autoroute ou rien n’indiquait de s’arrêter. Au fait, c’est le grand panneau signalant «Oudja et frontière Algéro-Marocaine » (photo de la une) dressé au dessus de nos têtes  juste à la dernière sortie qui aurait pu attirer mon attention car ce panneau indiquait clairement qu’il ne restait qu’Oudja loin et la frontière toute proche mais j’ai continué à rouler  , mon fils pris de panique a cru que nous étions déjà sur le territoire Marocain. “Impossible, le Maroc n’a pas encore commencé son tronçon, nous sommes toujours en Algérie et au moins nous aurons soit des gendarmes Algériens en face ou des militaires , pas de panique fiston” lui rétorquais-je.  Quelques kilomètres plus loin, j’étais déjà dans le no man’s land, l’espace neutre entre deux frontières, et toujours pas âme qui vive. Soudain, je vois se dresser devant mois des pneus usagés qui ferment  la route. Juste des pneus. Et au loin, très loin à droite, une silhouette qui semblait en uniforme, devant une habitation , me faisait signe de rebrousser chemin.  Je ne sus si c’était un policier, un douanier, un gendarme ou  un militaire. Je ne sus pas également s’il était Algérien ou Marocain.  Mais comment rebrousser chemin ?  Je suis sur l’autoroute. Et là vous êtes obligés de refaire le trajet en sens inverse durant tout l’itinéraire jusqu’à la bretelle de Maghnia,Ghazaouet (au moins 5 kilomètres). Heureusement que la route n’est pas fréquentée, seul un … piéton sur cette autoroute m’informa que effectivement beaucoup de personnes se trompent et doivent rebrousser chemin au sens inverse.

N’était-il pas judicieux de fermer l’autoroute à hauteur de cette fameuse bretelle et bien mentionner Marsat Ben M’hidi par RN 7A, pour éviter toute erreur qui risquerait d’être fatale à des voyageurs distraits , surtout la nuit ? tiens tiens parlant de nuit qui aurait pu s’apercevoir de cette nouvelle “trig el wahda”????

Qu’à cela ne tienne ! Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Il se passe tellement de choses bizarres, que j’aurais pu me retrouver à la porte d’Oujda.

Je retourne donc et m’engage dans la bretelle pour rejoindre ma destination initiale : Marsat Ben M’Hidi. Longeant la route, il est frappant de remarquer que toutes les stations services sont fermées. Aucune ouverte ! Un conseil, si jamais vous décidez d’aller faire du tourisme dans cette région, prémunissez-vous du plein et priez pour qu’il tienne jusqu’à votre retour. Car, en cas de panne sèche soyez sur que vous ne trouverez aucune solution sauf acheter votre carburant comme le font les Marocains!

Dès que vous dépassez Tlemcen, ne comptez pas trouver du carburant de quelque nature que ce soit, sur votre chemin. A Maghnia ville, les rares stations qui sont ouvertes, croulent sous les chaines interminables !  Mais, ne vous leurrez pas ! Si dans cette ville, les « contrebandiers » vivent en nabab, à voir les somptueuses villas qui poussent dans toute la nature environnante, la population est dans la dèche ! Les prix sont inabordables, surtout l’alimentation : Le  Yaourt à 25 DA, le Lait à 50 da. La banane est à profusion, mais au même prix qu’à Sidi-Bel-Abbès, soit 120 DA. Il n’y a que les légumes qui gardent un semblant de similitude avec les autres régions. Il faut dire que l’honnête citoyen peine énormément à Maghnia. Ajouter à cela la chaleur torride de ce mois de juin et vous avez une idée de ce qu’est être citoyen de cette ville frontalière.

Mais le plaisir qu’a le visiteur à Maghnia, c’est aux environs du marché qu’il peut l’avoir. Ces odeurs d’épices qui caressent les narines du passant, à partir des 200 mètres du marché. Un odeur qui donne les prémices du Ramadhan. Mis à part le succulent  « Matlou3 » (pain traditionnel) à 50 Da pièce et les olives à haute qualité, je ne vois pas ce que le visiteur pourrait y acheter, hormis les épices bien sûr !

Une fois , vous dépassez le deuxième poste frontalier de Boukanoun ,le paysage est le même à la seule différence, la présence de troupeaux d’ânes de part et d’autres de l’autoroute. Des troupeaux innombrables, broutant tranquillement l’herbe abondante cette année, en attendant leurs prochaines « missions ».

A  quelques encablures de la plage de Marsat Ben M’hidi ou de Saidia  et où les deux routes, que ce soit du coté Marocain ou coté Algérien qui mène aux deux plages respectives, se croisent ,ne laissant qu’une trentaine de mètres de frontière qui séparent les deux pays  par une forme d’embouchures de l’Oued ,  des jeunes estivants des deux camps s’échangeaient des saluts amicaux à la main ou par klaxon de voiture.

Arrivé à Marsat Ben M’Hidi, je fus frappé par deux choses : La première, c’est la contcontradiction entre le vide sidéral de la plage et l’engouement 100 mètres plus loin où était visible la plage Marocaine de Saidia. Elle grouillait de monde ! Les quelques rares estivants Algériens échangeaient des signes avec les Marocains qui trouvaient du bonheur pour leur rendre le salut.

Un  estivant, interrogé, me répondit : «C’est dimanche au Maroc. Le Vendredi, c’est l’inverse qui se produit chez nous , mais n’oublie pas que Saidia est une grande ville touristique possédant une plage de 12 kms .»

 

 

5 thoughts on “REPORTAGE À L’OUEST: Et si on allait au Maroc?

  1. Bonjour, M. 21Grammes
    L’article en question a été inspiré surtout pour parler de la “gestion de nos frontières”. Profitant de l’espace que m’offre BAI, je ne me suis pas empêché d’aborder les conditions de vie de nos concitoyens de Maghnia que beaucoup croient dans une situation envieuse. Fermer l’autoroute avec des pneus usagés à quelques encablures du Maroc, m’a personnellement choqué. Pour cela j’ai choisi un titre à consonance “ironique” pour dire qu’il était tellement facile d’aller au Maroc, alors que les frontières sont fermées.
    Ai-je eu tort? je n’en sais rien. Le lecteur est seul juge et je m’y soumets.
    cordialement.

  2. Bonjour, M. MOURAD.
    Permettez-moi de vous assurer que je suis fondamentalement contre l’ouverture des frontières, pour les raisons que vous avez évoquées et pour beaucoup d’autres.
    L’article n’a nullement l’objet de militer pour l’ouverture des frontières, mais juste dénoncer le laisser-aller dans la gestion de l’autoroute. Vous en conviendrez avec moi, que fermez l’autoroute avec des pneus usagés et sans préavis relève du débile. L’occasion a été d’évoquer les conditions de vies des Maghnaouis qui n’est pas une sinécure, croyez-moi. Il me semble qu’ils ne sont pas tous hallabas ni ayant de la famille de l’autre côté.
    Ce qui est navrant et condamnable dans tout cela, c’est le laxisme qui permet le troc des produits de première nécessité contre de la drogue et de l’alcool frelaté….
    Tiens , aujourd’hui aussi, on parle de plusieurs quintaux de cannabis saisis près de ….Maghnia. Combien d’autres sont passés?
    Cordialement.

    1. Salam Mr Djilali
      A ce que j’ai compris,votre destination est bien Marsat BEN MHIDI,tout un symbole,pourquoi evoquez vous le maroc dans votre titre?!

  3. Et si on allait en….Algerie ?
    Combien d’entre nous connaissent les valeurs et les paysages des Hauts Plateaux ? Des Aures ? du Djurdura ? Des plages Jijliennes ? De la douceur Mzabi ? Des ponts de l’antique Cirta ? des dattes mondialement connue de Biskra ?…la liste est longue et non exhaustive…UN enième article sur cette maudite frontière fermée ? Pourquoi faire ? pour dire quoi? Qu’elle n’empeche toujours pas les tonnes de drogues et d’alcool qui innondent notre jeunesse déjà bien mal en point..Une drogue qui passe avec la bénédiction du makhzen corrompu qui fait tout pour nous détruire, nous le soit disant peuple frère aux valeurs communes…Pendant ce temps des Harkis ( que l’on nomme pompeusement des Hallabas..) pillent l’économie nationale ( carburant, denrées de bases, electroménager, matériaux,etc…) sous le regard plus ou moins complice d’une population bien plus concernée par la visite aux beaux parents marocains qu’à l’interet national pour lequel 1 millions de chahids sont morts..Mais ou allons nous ? Comment ne pas ensuite faire semblant de s’offusquer sur l’allégence au pays des populations du coin ? Trouver moi des contrebandiers marocains qui pillent leurs richesses pour les envoyer chez nous et je me fait moine..Nous sommes un peuple de masochistes, nombrilistes, enfants gatés d’un système pourri..Les algeriens dans leur ensemble sont opposés à l’ouverture de cette maudite frontière, elle ne peut se faire sans que le makhzen ne fasse les efforts necessaires à une cohabitation respectueuse et en arrêtant d’être complices des harkis algeriens et des dealers marocains…Faite nous un reportage sur votre pays l’Algerie, le Maroc a assez de supporters pour vanter ses pseudos mérites..

    1. Je vous salue cher Compatriote.Vous m’évitez une transe colérique certaine,grâce à vos mots.Ceci dit,il n’est pas Algérien,celui qui est masochiste,nombriliste et gâté.Un Algérien qui se respecte et se considère comme tel,se doit d’être grand à la grandeur de l’Algérie.Ce majestueux pays est un don est un fardeau,pour ceux qui en mesurent l’Histoire,il faut en prendre soin,et savoir le porter toujours plus haut.Et si on y allait?

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