Sidi bel abbes: Sauvons le soldat “Simo” et ses ( nos) Bouquins

C’est sous ce titre magistral, que nous avons été interpellés par le cri du cœur d’un  passionné de lecture qui lors de ses passages à Sidi bel abbes , ne manque sous aucun prétexte de rendre visite à un jeune bouquiniste installé depuis voilà des années  au coin de l’immeuble abritant les anciens magasins Tari, en face du monuments aux morts de la ville.Cette activité qui devient au fil du temps une curiosité, du fait que l’activité du livre  se rétrécit comme une peau de chagrin, c’est une espèce en voie de disparition. Lire, ce verbe ne se conjugue presque plus en Algérie. Il est remplacé depuis un certain temps par le verbe manger ou sa variante, plus raffinée, consommer. Lire, les Algériens n’ont plus le temps nécessaire pour cette activité intellectuelle. A vrai dire, ils ne trouvent plus un intérêt pour s’adonner à la lecture, cette activité qui ne rapporte presque rien… sauf du savoir et de la culture. Justement, ces deux mots ont aussi disparu du vocabulaire des Algériens, du moins de la majorité écrasante d’entre eux. On apprend que ce jeune vendeur de livre a été sommé de quitter les lieux. Nous laissons à nos lecteurs tout le loisir d’apprécier à travers la suivante lecture toute l’absurdité d’une décision qui sonne le glas de ce qui reste de la culture de l’esprit dans une société en perte de repères : Bonne lecture!

Besoin d’un bon bouquin, un “kheirou djaliss” pour accompagner vos veillées solitaires? Un ouvrage de référence, technique? Un polar? Un roman SF ? Un Steinbeck ? Un Maameri ? Un Murakami? Un Camus? Un Pinchon (oui, j’en ai trouvé chez lui) ? Un Romain Gary (que de fois il m’en a laissé de côté) ? des vieux livres amoureusement entretenus? Alors, la bonne adresse est chez l’ami Salim (Simo pour les intimes).
L’étal de Salim fait partie des incontournables petits coins conviviaux pour les amoureux des lettres à SBA ( et, à ma connaissance, un des rares à l’Ouest du pays, et probablement dans tout le pays). On s’y rend comme à une sorte de pèlerinage livresque et on n’est jamais déçu. De derrière le modeste étal, Salim vous sort toujours un ouvrage de votre auteur favori que vous n’avez pas réussi à trouver. Ou sinon, il ne manque pas de vous téléphoner une fois qu’il a mis la main dessus. Parce que Salim est un homme du métier. Il ne vend pas seulement les livres, il prend soin de ses clients. et puis, c’est un véritable biblio-phage. Un gros dévoreur de livres. Et qui a du goût. Qui a plaisir à discuter de sa dernière (ou avant-dernière, ou avant-avant dernière) lecture Et à vous conseiller.
C’est toujours un plaisir de le rencontrer lors de mes visites à SBA. Un passage obligé.
SEULEMENT,voilà.On apprend que les services de police soucieux de faire un “clean-up”, un “nettoyage” pour plaire aux autorités (sur leur injonction ??) ont sommé hier notre bouquiniste à faire place nette,-un étal de livres gâchant leur vue, semble-t-il.
Un wali précédent a bien promis un kiosque en dur (les ambitions de notre ami sont d’une modestie , à son image) mais les promesses sont si faciles à faire.
Aussi, Salim a été contraint de ranger ses bouquins et enlever son étal qui est là depuis tellement d’années.
Faut-il aussi être ancien moudjahid (ou fils de..) pour qu’on puisse nous accorder le simple et “minable” privilège de vendre des livres et participer un tant soit peu-même modestement- à faire reculer l’inculture et la médiocrité qui gagnent de larges pans de la société?
On demande, on souhaite que si quelques gens sont sensibles à la valeur de la lecture et, partant, du livre, qu’elles se manifestent pour sauvegarder ce “patrimoine” Belabbesien qu’est “l’étal de Salim”, du moins l’aider dans sa démarche pour un accès à un kiosque vu l’extrême utilité publique que son métier (c’en est bien un et quel métier!) présente.

 

3 thoughts on “Sidi bel abbes: Sauvons le soldat “Simo” et ses ( nos) Bouquins

  1. Bonjour Si Beldjilali.

    La culture n’a pas de préférence quand il s’agit de mettre de l’ordre dans une société qui fait de l’informel une priorité dans le gain quotidien. Salim, malgré son action noble depuis bien des années, il lui est interdit de sombrer dans l’informel en utilisant le livre comme otage. Ce n’est parce qu’il étale le bouquin rare qu’on doit le soutenir dans son action informelle.Inadmissible.Il achète , il vend et automatiquement il fait du bénéfice. A doit-on le droit de protéger une personne qui échappe au fisc? Ce qui est navrant dans cette histoire c’est de vouloir toucher la sensibilité du lecteur à travers le livre. Salim est pareil aux enseignants qui prennent en otage les élèves à travers les cours de rattrapage “at home”. Des sommes colossales qui n’ont jamais été déclarées au fisc. Et dire que ce dernier, n’a à aucun moment jugé utile de déranger cette action informelle. Pourquoi? Leurs enfants sont intéressés. Le livre est un moyen éducatif , et dans l’éducation il est interdit de tricher. C dans la légalité qu’on doit préserver le patrimoine.

    1. Que faut-il de plus à un aveugle ? Un fard à paupières !! est un adage , bien de chez nous , qui signifie le comble de la bêtise . Alors que l’embarcation prend l’eau de toutes parts , on s’inquiète en priorité de l’écoulement du robinet d’arrêt des toilettes du Commandant. Les pavés à même la chaussée juste en face du siège de la Wilaya n’ont pas l’air d’émouvoir les mêmes agents de sécurité qui ont eu à sommer le ” bouquiniste” à évacuer un endroit qu’il occupe depuis des lustres. Qu’on recommande une application stricte de la loi, comme le clame notre internaute, quoi de plus évident? Faut-il choisir entre la chaussée ou un angle d’un trottoir qui ne dérange personne? Je crois qu’en de pareilles situations , invoquer la loi devient ridicule et c’est là où notre adage populaire trouve toute sa saveur. Je trouve que la noblesse de ce ” bouquiniste ” est à mettre à l’honneur de la ville de SIDI-BEL-ABBÈS , pour le choix original de son activité , même s’il est en marge de la légalité que bien d’autres contrevenants enfreignent tous les jours , et bien plus dangereusement , avec tout le respect que je voue à la loi qui , en de pareil cas , devient scélérate . Respectueusement

  2. bonjour,
    je suis vraiment attristé d’apprendre que ce jeune nommé SALIM a été sommé de quitter l’endroit ou il vendait des livres. SON ETAL EST UNE VRAIE BIBLIOTHEQUE ET D’APRES MOI C’EST LA MEILLEURE A SIDI BEL ABBES

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