Selon la première ministre finlandaise, l’Europe, sans les Etats-Unis, ça ne vaut pas tripette

« Je dois être très honnête (…) avec vous, l’Europe n’est pas assez forte en ce moment, nous serions en difficulté sans les Etats-Unis » déclare ce vendredi la première ministre finlandaise, Sanna Marin, en visite en Australie. (Le Monde, V. 02 décembre 2022)

L’Europe ne serait sûrement pas en guerre sans les Etats-Unis.

L’opposition de la Turquie et la Hongrie, chacune pour ce qui la concerne, à son adhésion à l’OTAN et à celle de la Suède, est purement formelle.

Les Etats-Unis n’ont nul besoin de l’avis de quiconque et encore moins de ceux d’Ankara et de Budapest pour faire adhérer qui ils veulent et subordonner qui ils veulent à leur volonté.

Au reste, ces deux pays sont déjà dans l’OTAN de facto. Et depuis bien avant le 24 février dernier. La Russie n’a fait que justifier auprès des opinions publiques scandinaves le choix de leurs gouvernements.

Le pauvre Olof Palme a payé de sa vie l’indépendance de son pays à l’égard de Washington le 28 février 1986.

Les vers de terre qui gouvernent aujourd’hui à Stockholm et à Helsinki ont rejoint les autres supplétifs qui font mine de diriger librement leurs troupeaux.

Exemple du fastueux périple du président français en visite d’Etat aux States ces derniers jours.

Le 13 août dernier le Congrès des Etats-Unis a voté une loi impitoyable contre ses « alliés » l’IRA (Inflation Reduction Act) qui est, contrairement à ce qu’elle prétend ni une lutte contre le réchauffement climatique, ni contre l’inflation (la FED et Powell s’en chargent).

Il s’agit de plus de 430 Mds$ d’investissement dont (officiellement) 370 Mds$ destinés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52% d’ici à 2030 par rapport à 2005, soit le plus important effort jamais consenti par les États-Unis dans ce domaine.

America first.

Concrètement, cela signifie qu’une subvention de 7 500 dollars est accordée aux ménages pour l’achat d’un véhicule électrique « made in USA » (4.000 dollars pour les voitures d’occasion), ce qui défavorise toutes les entreprises étrangères qui ne produisent pas mais vendent leurs voitures aux USA. Il en est de même des entreprises « tournevis » qui en assemblent tout ou partie aux Etats-Unis.

De plus, cette subvention concerne uniquement les unités syndiquées, ce qui -là aussi- favorise les entreprises américaines (du Michigan notamment) qui le sont et excluent les entreprises étrangères installées au sud des Etats-Unis qui ne le sont pas.

Inutile de parler du gaz US vendu 4 à 5 fois plus cher aux Européens qu’aux Etats-Unis.

Début novembre, l’Europe a pris son temps pour réagir, le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a menacé Washington d’« aller devant l’OMC » et son tribunal de règlement des différends.

Résolu à défendre les intérêts de l’UE, E. Macron est parti à Washington avec Mme, gonflé à bloc :

Le 30 novembre, il a déploré les mesures « super agressives » prises par Joe Biden pour doper l’industrie américaine, avant d’avertir qu’elles risquaient de « fragmenter l’Occident ». Diable !!

« Je ne veux pas devenir un marché pour les produits américains parce que j’ai exactement les mêmes produits que vous. J’ai une classe moyenne (qui doit) travailler et des gens qui doivent trouver du boulot. Et la conséquence de l’IRA est que vous allez peut-être régler votre problème mais vous allez aggraver le mien. Je suis navré d’être aussi direct »

Mais ce blabla jupitérien c’est pour les médias français.

– « La relation entre les États-Unis et la France est unique dans notre monde actuel »

– La France et les États-Unis doivent « synchroniser leurs actions »

– « Nous avons décidé de continuer à agir ensemble [avec les États-Unis] pour aider la population ukrainienne à résister »

Mais concrètement, qu’a-t-il dit sur les subventions à l’industrie américaine: « Nous voulons réussir ensemble, pas l’un contre l’autre ».

Tu parles Charles !

Amnésique, il a oublié qu’en septembre 2021, les Etats-Unis annonçaient une nouvelle alliance, AUKUS, avec l’Australie et le Royaume-Uni, signifiant tenue à l’écart de la France dans une région-clé du monde et qui perdait, au passage, un mégacontrat pour vendre des sous-marins à Canberra.

Je vous joins un papier publié en 2021 pour rafraîchir la connaissance de ceux qui l’on oublié.

On comprend alors pourquoi les Européens ont adopté une loi simple : « chacun pour soit ».

Exemple : E. Macron lance à cor et à cri qu’il va bientôt téléphoné à V. Poutine.

Le chancelier allemand vient de le prendre de vitesse. Le Russe et l’Allemand étaient au téléphone aujourd’hui.

O. Scholz et V. Poutine se sont-ils concertés ? Le chancelier s’est-il entendu avec son homologue français ?

Si oui, pourquoi donc le président français n’en a-t-il pas fait état ?

Autre question : les échanges deux chefs d’Etat se sont-ils limités uniquement aux propos rapportés de leur conversation, considérant les limites fixées par Kiev et Washington ?

Conclusion.

Tout cela confirme qu’aucune confiance ne doit être accordée aux Européens. Individuellement, on peut esquisser des projets avec assurances à l’appui. Mais collectivement, ils ne valent pas un cloud. Autant s’adresser aux patrons, sur les autres rives de l’Atlantique .

Djeha, V. 02 décembre 2022