Sfisef : Richesse, authenticité et résistance *

1-Définition
Sfisef : est le nom d’une petite ville actuellement daїra ; Zfizef: dans les écries historiques français et : « Ezfizef pays des Beni-Amer », ou en langue arabe « أزفيزف بلاد بني عامر », comme la indiquait l’Emir Abdelkader dans ces mémoires(1) ; elle est dérivée d’un fruit connu sous le nom scientifique : “Zizyphus-vulgaris” ; elle prit le nom d’un colon français, qui s’appeler Gustave Mercier-Lacombe(1815-1874) et
reprit son nom originel après l’indépendance .
2-Etude géographique
sfisef est située à 39 km à l’est du chef-lieu de la wilaya de Sidi-Bel-Abbès et à 50 km de Mascara à une altitude de 550 m , au pied des monts des Beni-Chougrane, elle compte 20.134 habitants en 1987 , 26.907 habitants en 1998(2) et 28.346 habitants en 2002(3) .
Siège de daïra . Anciennement Mercier-Lacombe(coloniale) , elle a été créé en 1874 . Sfisef est un centre agricole et viticole important ; la région est connue également pour ses oliveraies qui fournissaient une huile réputée. Complexe bovin laitier entré en service en 2002 et fruit d’une coopération Algéro-Canadienne(4),
sans oublier La culture de la betterave sucrière, Aujourd’hui cessible, si cela n’est pas déjà fait.
3-Sfisef dans l’Histoire
L’Histoire de la région de Sfisef remonte à l’époque de la colonisation romaine de l’Algérie, d’après les fouilles réalisait par le docteur Driss Reffas un archéologue amateur, prés du douar Souabria , ce dernier corrobore l’existence du donatisme(5) avec son symbole Robba, fille de la cité de M’cid(prés de sfisef) , qui a mobilisé le prolétariat berbère contre l’occupation romaine(6).
Au moyen-âge, les Beni-Amer tribu hilalienne qui, peu de temps après l’établissement de l’islamisme, abandonna le Nejd pour entrer en Syrie. C’est en 1049 qu’ils passèrent en Afrique, occupèrent plusieurs grandes villes du littoral, depuis Tripoli jusqu’à Bône(Annaba), pour devenir, cent ans après, maîtres du pays jusqu’au Djebel-Amour. Battus par les Almohades et refoulés jusqu’à Tébessa, ils furent appelés en 1235 par Yaghmoraçane qui les installa aux environs de Tlemcen ; mais défaits de nouveau vers l’année 1331 par les Mérinides, ils retournèrent au désert prés du Zabet-Ouargla.
En 1335, les Beni-Amer, à l’exception des Hazedj, prirent fait et cause pour les Beni-Zeian contre les Beni-Merin . Réinstallèrent les premiers à Tlemcen et reçurent, en paiement de leur service, des terres prés d’Ain-Temouchent, au Tessalah, sur la Mekerra , à M’léta et aux lauriers-Roses(7) . Un nommé Sliman-ben-Brahim-ben-Amer, qui eut en 1378 (780 de l’hégire) , le commandement des Beni-Amer , donna son nom à la tribu des Ouled-Sliman, dont l’histoire se confond , au début , avec celle des précédents. Lorsqu’ils vinrent du Djebel-Amour, ils s’installèrent d’abord dans le pays occupait par les Ouled-Mimoun , pour s’établir plus tard à Tiliouine , Melghir et sur les bords de la Mekerra(Oued-Mebtouh) , d’où ils expulsèrent la grande tribu des Médionna.
Les Ouled-Sliman se subdivisent en Ouled-Sliman arabes, dont l’origine vient d’être indiquée, et en Ouled-Sliman marabouts qui descendaient de trois frères : Youb , Mimoun et Mhadji , venus quelque temps après de Saguiat-el-Hamera .
Par leurs connaissances en droit musulman et leurs pratiques religieuses, ces trois frères acquirent bientôt une grande réputation de sainteté, et leurs descendants, qui prirent le nom de Mhadja , formèrent les deux tribus : Mhadja des Ouled-Ali et Mhadja des Ouled-Sliman ; ces derniers sont les Ouled-Sliman marabouts(8) .
Durant la période ottoman, les Beni-Amer, en général, ont été considérer des ” raî-as “, parce qu’ils opposaient aux autorités du beylik(9).
La colonisation française poussait les Beni-Amer a se rallier au camp de l’Emir Abdelkader, ils formaient avec les Hachems , l’épine dorsale de l’armé d’Abdelkader(10), les Ouled-Sliman qui comptaient 300 tentes, fournissaient 100 soldat infanterie et 200 cavalier(11) .
Après la résistance de l’Emir, la commission spécial du sénatus-consulte , proposa en 1866 , de répartir les Ouled-Sliman en neuf douars ,mais sur l’avis du gouverneur général et du ministre de la guerre, le territoire de cette tribu fut , par décret du 7 mars 1867 , définitivement délimité avec une superficie de 74.659 hectares 50 ares répartis entre les quatre douars suivants : Bou-Djebâa(Boudjebha-Bordj), Oued-Mebtouh, Tiliouїne et Sfisef (12).
4-Construction de Mercier-Lacombe
D’apprêt les documents recueillies, un centre de colonisation a été bâti par étape, entre les années 1874 et 1885, et qui prit le nom de Mercier-Lacombe(13). Il se peut que Abd-El-Kader Ben-El-Mekki caïd de la commune de sfisef, est le premier indigène a habité Mercier-Lacombe, on appuyant sur une lettre adresser par ce dernier au gouverneur général de l’Algérie : « ma tênte est dressée à zefizef depuis le temps de mes aïeuls, et aujourd’hui qu’un village va être bâti dans cet endroit il est utile pour moi d’y habiter, car mes intérêts m’empêchent de quitter cet endroit…»(14) .
En 1884 , la population municipale de Mercier-Lacombe(classer commune mixte), comptait 425 français, 416 israélites, 42 indigènes musulmans et 210 étrangers , au total 1.093 habitants , dans une superficie de 2.332 hectares (15) .
Devenue commune de plain exercice, Mercier-Lacombe comptait en 1897, 412 français, 256 indigènes musulmans et 557 étrangers, au total 1.225 habitants, dans une superficie de 2.332 hectares(16) .
5-Martyrs et personnalités de sfisef
Durant la guerre d’Algérie (1954-1962), des centaines de martyrs sont tombés aux champs d’honneur pour la cause nationale, on peut cité parmi-eux : Sedik Belbouche (1939-1960) originaire de M’cid(douar shanin) , Adda Boudjlal Hadj (1919-1958) né à Boudjebha-Bordj, adjudant Zelmat Mhadji (1930-1960) originaire de Oued-Mebtouh , le moudjahid responsable de la zone 5 de la wilaya 5, le capitaine Taїbi Larbi ,naquit en 1918 à Tiliouїne, mort à Sidi-Bel-Abbès le 6 novembre 1997(17) .
Arbaoui Ahmed qui rallia le FLN en 1956, et qui fut arrêté par l’armée française le 10 mai 1957, torturé et froidement assassiné le lendemain de son arrestation, Bouhend Yahia qui prit le maquis en 1957 et fut emprisonné et exécuté le 31/08/1958 à Oued-Mebtouh, Boukhoulda Abdelkader qui rejoignit à 17 ans les Moudjahidin en 1957,arrêté en 1958 transféré à la prison de Hammam Bouhadjar avant d’être exécuté le 30/04/1959 sur les hauteurs du Djebel Bouhnach et Arras Rekia qui milita dans une cellule féminine FLN, dirigée par chahida Bouhriz Riach Yamina, et tomba au champ d’honneur en 1960 à Hassasna dans la wilaya de Saida(18).
Ajoutant à cette liste, “les martyrs des lumières” ; douze enseignants, dont onze femmes, assassinaient le Samedi 27 septembre 1997, à15h de l’après-midi, à Aїn-Aden, par des terroristes, en plein accomplissement de leur devoir de transmission du savoir aux enfants démunis.
C’est l’un des plus marquants incidents qu’a connu la région, durant la décennie noire, il s’agie de :Saber El-H’bib,.Dich Amina, Tounsi Aziza, Boudaoued Kheira, Bouteraa Rachida, Mehdane Zohra, Bouhend Fatima, Fliou M’hamdia, Louhab Naïma, Lenfad Hafida, Cherrid Kheira, Bouali Hanafi Sahnounia(19). Ces noms resteront gravés dans notre mémoire et pour toujours.

* Par le Dr Khaled Bouhend

Notes et références
(1)-El Amir Abdelkader, Moudhakirat El-Amir Abdelkader. (Tahkik :
Mohamed Es-kir Bennani wa akharoun). Dar El-Ouma Littibâa wa El-Nachr
wa El-Taouzia , El-Djazaїr, 2010, P.121.
(2)-Achour Cheurfi, Dictionnaire des localités algériennes. Casbah
Editions , Alger, 2011, P.981.
(3)-Journal officiel de la république algérienne, 10-07-2002.
(4)-Achour Cheurfi , op.cit, P.981.
(5)-Donatisme : mouvement schismatique de l’évêque Donat qui
divisa l’église d’Afrique au 4eme siècle. Il refusait
l’indulgence aux chrétiens qui avaient renié leur foi sous la
persécution de Dioclétien. Les donatistes se maintinrent jusqu’au
6eme siècle.
(6)-Le Quotidien d’Oran, mardi 9 août 2005.
(7)-Léon Bastide, Bel-Abbes est son arrondissement. Typographie et
Lithographie Ad. Perrier, Oran, 1880, P.210.
(8)-Ibid, P.212.
(9)-Les Beni-Amer ont été les auxiliaires des espagnols jusqu’en
1700 , époque à laquelle ils se soumirent au bey Mustapha .
(10)-Charles Henry Churchill, La vie d’Abd-El-Kader. (Traduction :
Michel Habart) . ENAL, Alger, 1991, P.76.
(11)-Mahfoud Kaddache, « L’armée d’Abd-El-Kader » . In Majallat
ET-Tarikh , numéro spécial, 1er septembre 1983,P.30.
(12)-Léon Bastide, op.cit, P.213.
(13)-A.N.O.M, 3 M 305 Oran .
(14)-Ibid, lettre d’Abd-El-Kader Ben-El-Mekki raїs de la commune de
zefizef au gouverneur général de l’Algérie, le 4 décembre 1874.
(15)-GGA, tableau général au 30 septembre 1884 des communes de plein
exercice mixtes et indigènes des trois départements de l’Algérie,
P.41.
(16)-GGA, tableau général des communes de l’Algérie au 1er
janvier 1897, P.96.
(17)-Voir : Ali Nehari, Min sidjil chouhada wa moudjahidi el-wilaya
el-khamisa. Mektabette el-Rached, Sidi-Bel-Abbès, 2008, 334 pages.
(18)-La Voix de L’Oranie, le 07-07-2009.
(19)-Le Temps d’Algérie, le 26-09-2011.

2 thoughts on “Sfisef : Richesse, authenticité et résistance *

  1. Monsieur Mohammed Senni

    Merci pour votre très intéressante contribution.

    si non vous citez la famille de ouled sidi Abderrezak deux fois parmi les sept familles des m’haja,

    Merci de bien vouloir préciser,

    et en ce qui concerne Youssef Ibn tachfine,j’aimerai bien savoir à quelle source vous vous référez quand vous dites qu’il est idrisside ; car il admis que Ibn Tachfine est descendant de la tribu de Senhadja.

    Merci

  2. Monsieur Bouhend.

    les M’hadjas sont des invités des gens de M’cid.Les m’hadjis se sont installés dans une région noble des idrissides.Ils sont venus pendant l’occupation française au M’cid.Ils ne sont pas originaires de la région.Avec tous nos respects aux gens d’El Gaada, la région de M’cid appendice de Melghighr contenu dans la région de sfisef est ancestrale bien avant leur choix d’exil pour ce lieu.

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