«LA CORRUPTION ? C’EST JUSTE UN MOYEN!»

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L’Algérie est le 105ème Pays le plus corrompu sur terre, sur 170. Foi de Transparency. Moi, ce qui me chagrine, ce n’est pas tant la corruption. Car, ce phénomène est devenu un « critère » de gestion. Que dis-je ? Un élément incontournable. Dans peu de temps, il va devenir indispensable. Mais la corruption peut-elle exister sans corrupteurs ? En définitive, c’est nous le petit peuple qui l’alimentons quotidiennement. Nous constituons son sérum et le faire-valoir de la grande corruption ; celle à grande échelle, celle où ne compte pas l’argent, mais on le pèse ! Faute de mieux, on excelle à proposer  200 DA au préposé du guichet pour activer la délivrance d’un papier quelconque. Au Gendarme qui veut nous retirer le permis, on lui propose : « Monsieur l’agent, au lieu de retirer mon permis et payer 4000 Da à l’Etat, pourquoi, vous ne prenez pas 10000 Da et passez l’éponge ? » La tentation est grande ! A l’école, la maman n’hésite à aucun moment à mijoter le meilleur gâteau qu’elle demandera à son fils d’offrir à la maîtresse, sans oublier sa part des gâteaux de l’Aid. «Elle prendra soin de toi, fiston!» La corruption revêt tous les costumes.  En fait, la corruption aide à faire fonctionner l’administration. Elle va plus vite. Ce phénomène constitue en quelque sorte un bonus sur la rémunération, mais payé par les autres. En réalité, la corruption constitue une « prime de rendement » pour permettre à chaque détenteur de pouvoir dans le système, de pouvoir « être performant » Son salaire ne suffit plus. La corruption n’est plus un « fléau » chez nous. C’est un critère de performance. Celui qui intervient pour vous, qui sert d’intermédiaire avec ses nombreuses entrées auprès des corrompus, est fier de son statut ; il   l’exhibe partout!  C’est pour cela que cela ne me chagrine pas, pour autant.  Car, en définitive, la corruption existe partout. Même l’illustre Sarko a été entendu par les juges pour suspicion de corruption. Lui aussi on l’accuse d’avoir été corrupteur pour l’intérêt suprême de son Pays, même si cela a servi la campagne électorale. Voilà ! La différence est là. Ailleurs, quand on recourt à la corruption, on veille à ne pas toucher les intérêts de la Nation qui restent sacrés. Il n’y a qu’à voir la fameuse « Maffia italienne » et les nombreux services qu’elle « rend » à l’économie de son Pays.  

Alors, moi ce qui me chagrine et me peine, c’est le « trafic d’influence » et  le « monopole de l’import » qui tue l’investissement dans l’œuf. Le drame du Pays est à ce niveau.

Le premier «chagrin », fait que les décisions sont souvent prises dans l’intérêt d’un clan et non dans l’esprit de la justice. Dans chaque ville du Pays, le « clan » qui dirige, gère et anime est le maître incontestable et incontesté. Aucune décision ne peut être prise contre lui. Le recours au « noyautage », au « classement des dossiers » « à la fabrication des accusations » contre ceux qui osent les déranger, sont monnaie courante. Le clan détient les leviers de la justice, de l’administration, et dispose même d’appuis au sein des services de sécurité. Ce phénomène est porteur de déstabilisation et de menaces d’explosion sociale ; car il véhicule l’injustice. La grande partie du  petit peuple qui n’arrive pas à s’arrimer au clan par des menus travaux, finira par en vouloir en finir et réagira ; d’autant plus que depuis un certain temps, les clans agissent à découvert et sans discrétion.  Les dernières élections législatives d’abord, municipales ensuite nous ont donné les signes des clans qui ne lâchent rien. Pour les postes élus des municipalités, l’argent coule à flot .On paye cher pour faire partie du clan et en tirer les dividendes à court terme : Devenir intouchable !

Au niveau de l’APN, les jeux sont plus compliqués .En plus de l’argent, il y a la manipulation. Il faut être fort pour faire ce qu’on a fait pour le tout nouveau parti de Ghoul ! Si le MPA lui aussi « parti bébé » s’est classé on ne sait par quel artifice, 3ème force politique du Pays, le parti de Ghoul a fait mieux : Sans avoir participé aux élections législatives, parce que venant à peine de naître, sans frais de campagne, il dispose d’un « groupe parlementaire »  au sein de l’hémicycle. C’est simple. On fait élire des députés sous les couleurs d’un autre parti et une fois élu, ils rejoignent le parti de Ghoul.

Mon « second chagrin » est plus complexe et plus dangereux pour le Pays. Le monopole exercé sur l’import est cruel, organisé et strict .Chacun a son créneau et est protégé.  Si tu t’occupes de « Bière », il n’est pas question que tu approches « le sucre »  et vice-versa. Et si jamais quelqu’un ose tenter un investissement pour produire sur place le produit importé, la machine se met en marche, sous la forme de la bureaucratie. Il a beau présenter un nombre inimaginable de pièces et de documents, y compris les tickets de métro d’Alger, il n’aura jamais les autorisations pour investir. Et si on ne sait par quel miracle, il y arrive, les machines n’arriveront jamais sur site et  pourraient facilement disparaître au niveau de port.

Voilà comment on tue l’économie nationale au profit de la rente.

C’est pourquoi, la corruption ne me chagrine pas tant ; car elle n’est qu’un moyen, elle n’est pas la  finalité.

djillali@bel-abbes.info

 

3 Replies to “«LA CORRUPTION ? C’EST JUSTE UN MOYEN!»”

  1. À force de lire et relire tous ces commentaires je fais court sinon c’est comme cracher contre le vent,d’une manière où d’une autre il me revient contre donc,je trouve pas de qualificatif pour exprimer ma rage mon dégoût envers cette mentalité en amont et en aval.Je n’aurai jamais pensé qu’un jour je m’exprimerai de la sortes et à fortiori mon propre pays.J’aime ma terre natale dont j’ai vu le jour ainsi que mes aïeux,mais là ou le bas blesse c’est qu’on s’enfonce de jour en jour et on va vers les ténèbres Le peuple a besoin de mnémotechniques à savoir si il y a espoir de penser différemment vivre différemment,mais je suis convaincu qu’on est maudits de par notre attitude,notre comportement,le manque de foi,de sincérité et j’en passe des meilleurs,Donc il faut deux sinon trois générations pour éradiquer cette mentalité qui nous bouffe de l’énergie et noue emmène à nul part si ce n’est que de nous haïr les uns des autres par tant dinéglités.à bon entendeur salam.

  2. Bonjour Djillali.

    La corruption en Algérie actuelle est une option pour avancer dans l’échiquier social. Elle est permise à tous les niveaux.On la voit, on la palpe, on la caresse…on ouvre avec toutes les portes closes.On en fait un tremplin pour la progéniture dans le cursus scolaire et universitaire.On devient maire, député, ministre avec le sourire,la tête vide et les poches pleines.Ce pouvoir est arrivé à corrompre les jeunes diplômés à travers les agences de l’emploi.Les assemblées “élues” sont devenues des cercles pour s’enrichir.On achète des voix pour y être présent.
    Pourquoi l’Algérie est classée parmi les pays les plus corrompus? Parce que la justice n’a jamais été indépendante.A aucun moment, la justice ne s’est auto-saisie dans des scandales rapportés dans les journaux(Ex: la Fac de médecine et des sciences…)Le plus grand problème de l’Algérie réside dans son appareil judiciaire.Et le peuple?Il n’a que les gouvernants qu’il mérite.Aujourd’hui, le pétrole coule à flots…et demain? La plus part ne seront plus là.

  3. Un grand MERCI Mer djilali pour cet Article:

    C’est vraiment décevant pour nous algériens de se retrouver classés 105 sur 176 pays, et pourtant ni notre religion, ni nos valeurs morales ne nous autorisent à pratiquer cette sale pratique.
    Depuis 1962 à ce jour , la plupart profitent de la situation, les hauts cadres ne font pas la différence entre leurs poches et les caisses de l’état, jusqu’au simple serveur qui ne rate pas la moindre occasion pour mettre une cuillère dans sa poche! La dictature est la devise du simple responsable jusqu’au plus haut placé. Les pourfendeurs de l’état qui hier étaient acteurs dans les ruines du pays essaient aujourd’hui de se blanchir, en cherchant un bouc émissaire pour que tout le monde tire sur notre président de la république et portant nous sommes tous complices de la situation actuel, qui se dégrade chaque jour , que dieu fait ce qui d’un avenir incertaine, nombres important de la population est livre a la dégradation et l’imputation des valeur, Les hommes, femmes intègres , nationaliste , sont mis a l’écart , quant ils se manifestent , ils sont indiques du doigt , humiliées , menaces , dénigres et donc pousses a ne pas s’impliquer dans la vie de la société, tous cela a cause de notre culture de la jalousie , le régionalisme, la haine surtout notre éducation (hypocrisie , fainéantise, égoïsme). La confiance a disparu même au niveau des foyers, l’amitié est devenue des intérêts personnels tous se vend et tout s’achète.
    Pour cela le vrai problème de notre cher pays l’Algérie ne réside pas au niveau de notre président de la république , je reste convaincu que quelle que soit la personne qui occupera ce poste, elle ne réussira pas à changer la situation, les choses empireraient davantage. Nous sommes des algérien on se connait entre nous!
    Les dépassements, les abus de pouvoir et la hogra se situent au niveau de la base, Le plus fort s’attaque au plus faible, comme une échelle et chaque individu est considère comme une virgule par son responsable direct.
    Tous le monde réclament et parlent de la corruption en algerie affirment qu’il faut libérer notre chère pays de ce fléau et Chaqu’un de nous pointe son doigt sur l’autre monsieur si pas moi si l’autre……!!!????

    Transparency international a rendu public son Indice de perception de la corruption. L’Algérie régresse à grands pas. L’indice de perception de la corruption (IPC) 2007 rendu public hier, à Berlin et à Londres par Transparency International (TI), démontre que l’Algérie a perdu 15 places par rapport à l’année écoulée.

    L’Algérie est à la 105e place sur 170 pays classés (l’IPC comprenait 163 pays en 2006). Sa note est médiocre : 34 sur 100. Selon l’IPC, plus la note est basse, plus la corruption est étendue. Avoir une note de 10 signifie que le pays est transparent et ne connaît pas de corruption. Les auteurs de l’IPC considèrent qu’une note inférieure à 3 signifie l’existence d’un « haut niveau de corruption au sein des institutions de l’Etat ». En 2006, l’Algérie a été classée à la 84e place mondiale avec une note de 3,1 sur 10. En Afrique, l’Algérie est classée à la 16e place, la Tunisie à la 7e place (61e au niveau mondial), le Maroc à la 10e et l’Egypte à la 17e.

    L’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC), que préside Djillali Hadjadj et qui représente Transparency International à Alger, n’est pas surprise par le mauvais score enregistré par l’Algérie. « La situation sociopolitique et économique catastrophique qui prévaut en Algérie, depuis plusieurs années déjà, n’a cessé de favoriser les conditions de l’explosion de la corruption – petite et grande – à tous les niveaux, et tout est fait par le pouvoir en place pour que la généralisation de ce fléau se poursuive à grande échelle. Le retour en force d’un Etat policier, autoritaire, répressif et liberticide, est un des principaux indicateurs de ce maintien de l’Algérie parmi les pays cancres de la corruption au sein de la communauté internationale », estime l’AACC, dans un communiqué rendu public .

    « Naîveté politique »

    « Ceux qui croyaient que derrière les discours officiels et autres déclarations où le chef de l’Exécutif et son ministre de la Justice évoquaient leur intention de lutter contre la corruption se cachait une réelle volonté politique, en ont eu pour leur “naïveté” politique : tout cela était de la poudre aux yeux destinée aux partenaires internationaux et qui a surtout servi au plan interne à régler des comptes pour des luttes de pouvoir », ajoute l’AACC. L’association relève que l’Algérie « combat avec acharnement » la mise en place de mécanismes internationaux de surveillance de l’application de la Convention des Nations unies contre la corruption. Convention pourtant ratifiée par Alger autant que celle de l’Union africaine. « Non seulement l’arsenal législatif et réglementaire issu de ces Conventions est très indigent et très incomplet, mais il n’est même pas appliqué », relève l’AACC. Elle cite l’exemple de l’agence gouvernementale contre la corruption qui n’est toujours pas mise en place en dépit de la promulgation d’un décret portant sa création. « Second exemple, le processus de déclaration de patrimoine est éclaté et dispersé, sans mécanisme de suivi et de contrôle, et surtout non effectif, le chef du gouvernement ne se donnant même pas la peine de rendre publique sa propre déclaration de patrimoine », note l’AACC. Selon elle, les 200 milliards de dollars débloqués pour le plan de consolidation de la relance économique sont la proie de prédateurs et de « charognards maffieux ».

    Elle évoque le recours systématique aux marchés de gré à gré, devenu une règle « dans nombre de ministères et au niveau des exécutifs de wilaya ». « Tout récemment encore, le ministre des Affaires religieuses annonçait, suite à l’ouverture des plis pour les études de la grande mosquée d’Alger, que ce sera au président de la République de choisir “l’heureux élu” parmi les 5 bureaux d’études retenus lors de la première sélection ! En vertu de quelle loi et de quelle réglementation sur les marchés publics, ce ministre annonce-t-il pareille décision ? », se demande l’AACC. Elle s’interroge sur l’opportunité de consacrer 3 milliards de dollars pour la construction d’une mosquée alors que la grande pauvreté se développe dans le pays et que le président de la République préconise la rigueur dans les dépenses publiques
    Merci

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