NE MONTRE PAS LE CIEL À CELUI QUI NE LE VOIT PAS »

Si je me sers de la rumeur dont je ne serai que le porte-parole fidèle et respectueux, les projections urbanistiques autour du Lac de Sidi M’hammed Ben Ali sont à contre-courant d’une vision moderne de l’écologie telle qu’elle se pratique depuis quelques décennies en ce sens que la nature devrait être privilégiée à toute option environnementale.

En d’autres termes, le divertissement des populations est une exigence accessoire par rapport à celle que nous impose une nature fragile, de plus en plus agressée par une intervention désordonnée de l’homme. Dans une région réputée semi-aride telle que Sidi-Bel-Abbès, la vision d’un plan d’eau est associée au mirage qu’inspirent les dunes dans le Grand Erg Oriental : l’infini est la seule perspective qui siérait au rêve et à l’évasion. Ce qui était considéré comme une grande étendue d’eau dans une nature ouverte, va être réduit à un étang pollué par l’homme et le béton ; la villégiature et les loisirs en seront de même affectés par un afflux démesuré de promeneurs difficiles à contenir lors des périodes estivales. Il y aurait lieu de rappeler que ce « Lac » a été conçu pour une ville qui n’avait pas vingt mille âmes alors même que les projections démographiques les plus pessimistes annoncent une population de cinq cent mille habitants à l’horizon 2050. Que va-t-on alors laisser comme héritage aux générations futures ? Au rythme actuel du développement urbanistique de la ville et avec le tracé de la route à deux voies qui aboutit au lac, c’est le balisage assuré de l’extension de Sidi-Bel-Abbès, le Lac finirait irrémédiablement par être absorbé par la cité avec tous les dégâts  écologiques et environnementaux que cela induirait.

N’ayant pas de relais dans l’Administration, je n’ai pas cessé d’attirer l’attention des « notables de la ville » sur les dégâts qui ne manqueraient pas d’être causés sur le long terme. Il faut croire que notre voix ne porte pas assez haut pour être entendue, ne serait-ce que pour ouvrir un débat et il n’est pas trop tard pour amortir cet élan destructeur et ravageur pour la nature.

Traiter d’un problème de l’urbanisme alors que je n’en sais à peu près rien me fait prendre le risque de me tromper grossièrement. Toutefois, en ce qui concerne le Lac, je ne pense pas être dans l’erreur même si c’est l’intuition qui me dicte le cri du cœur qui se veut une alerte à toutes fins utiles. Ceci m’amène à évoquer le devenir des banlieues parisiennes qui ont été réalisées pendant les « trente glorieuses ». Appelées à être réaménagées totalement, alors qu’elles faisaient la fierté des urbanistes de l’ère « pompidolienne », les sociologues n’ayant pu préalablement mesurer la complexité d’une vie communautaire multiple sur une perspective à long terme.

L’homme, où qu’il soit, doit tenir compte de l’impérative équation d’équilibre entre toutes les forces actives de la nature : végétaux, eau, air, oiseaux, aléas climatiques etc. sans omettre les enchevêtrements sociologiques des populations dans leur complexité. La nature gouverne et imprègne toute chose et toute créature de sa rigoureuse loi, excluant toute liberté, toute possibilité de hasard. Elle exige de s’exprimer à sa guise. Pour la dompter il faut pouvoir la transcender. C’est peut-être de la philosophie et l’on en a tant besoin.

La sagesse qui s’en dégage évitera aux élucubrateurs de fantasmer dans l’absolu. Même si je livre un point de vue sincère, je ne veux en aucun cas cultiver ma singularité : je n’ai fait que dire tout haut ce que les « notables » disent tout bas. Il est fort aisé de constater que je n’ai abordé que l’aspect urbanistique qui entoure le  Lac, l’écosystème et sa particularité de « zone humide » feront l’objet ultérieurement d’un débat plus spécifique avec l’aide de spécialistes en la matière. A ce titre, je rappelle qu’il est établi que tous les écosystèmes-et particulièrement les zones humides- sont des lieux à équilibre fragile. Tout comme il est établi que la rupture de cet équilibre par quelque voie que ce soit provoque des dégâts irréversibles et surtout irréparables. Nous avons un exemple typiquement local : la Mekerra qui fut, jadis, une rivière à eau claire où pullulaient poissons et batraciens et autres algues vertes  offre, malheureusement, aujourd’hui toutes les caractéristiques d’un égout à ciel ouvert. Ne serait-il pas plus sage de juguler cette descente aux enfers et engager une action pour faire de ce lac une zone humide protégée à l’instar de quelques autres sites algériens de même type ?

« Entre la fraîcheur extrême du printemps et la torpeur promise de l’été, laisse-nous savourer la douceur éphémère de vivre ». « Entre la fleur qui s’effeuille, qui décline et les blés en bruissements ardents, respirer le regret de vivre aigre-doucement » in Hosties noires1948. (Léopold Sédar Senghor. Joal 1906-Verson 2001. Agrégé de grammaire en 1935, médaille d’or de la langue française, Prince de la poésie française, Docteur Honoris Causa de 37 Universités à travers le monde, premier Président de la République du Sénégal).

Ô temps !suspends ton vol, et vous, heures propices !

Suspendez votre cours.

Laisser-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de no jours.

In « Le Lac »  (Alphonse De LAMARTINE,  Macon 1790 –Paris 1869).

(2 commentaires)

  1. Il est du devoir des responsables de tout genre et des citoyens, de prémunir l’étendue du lac de Sidi Mohamed Benali de toutes nouvelles tentatives d’atteintes à son « patrimoine » écologique et environnemental…….à son écosystème qui est sérieusement menacé par le drainage, l’assèchement, la pollution et la surexploitation ………….. ça serait un crime de l’homme contre l’Homme et son environnement…… !!!!!
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    Merci Mr Abdeddaim………aussi pour les belles photos qui font rêver, surtout celle du très beau coucher de soleil……… et si le rêve devient réalité…??!!! Est ce impossible…??? Non….

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  2. je suis completement d’accord avec mr ABDEDDAIM meme que ce lac doit etre un endroit sauvage et que la flore et la faune ne doit pas etre inquieté de jour comme de nuit parceque il y a des oiseaux qui y nichent et se reproduisent toute l’annee, deja baucoup de canards ont deserté le lac et avec l’embarcader et les barques et les jetsky qui vont suivrent et le vacarme des gents et leur voitures +le betonnage,les parkings et la construction des commerces qui va suivre ce sera un quatier de la ville et tout a l’egout et l’egout au lac , a vos cameras d’ici peu ce ne serait q’un souvenir.

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